La Sagesse dans l'Ancien Testament
Dans l’Ancien Testament, le courant de sagesse (Pr 8, 22-31 ; Sg 10,1) médite que le projet grandiose du Créateur : Dieu a un but lorsqu’il crée, et il appelle l’homme à collaborer.
La perspective de la Sagesse est celle du bonheur (Pr 8, 34), un choix est nécessaire entre le chemin de vie et de bonheur et le chemin de malheur et de mort (Pr 8,35-36).
Le Chapitre 24 du livre du Siracide est donc un chapitre important car il fait vivre la sagesse à l’intérieur de la tradition de la Torah, c’est-à-dire dans l’attitude biblique d’une relation d’Alliance avec Dieu qui parle dans les événements de l’histoire (une démarche qui était totalement inconnue des grecs).
La Sagesse est orientée vers la vie, la trouver c’est trouver la vie (Pr 8, 35 ; Si 24,17-18 ; 6, 18-31).
La Sagesse forme des prophètes : « Bien qu’étant seule, elle peut tout, demeurant en elle-même, elle renouvelle l’univers et, d’âge en âge passant en des âmes saintes, elle en fait des amis de Dieu et des prophètes. » (Sg 7,27). Il y a entre Sagesse et Esprit Saint une connexion intime.
Le sage Daniel interprète le songe de Nabuchodonosor parce que l’Esprit de Dieu est en lui (Dn 4,8.9.18).
La Sagesse entre dans la perspective du jugement et de la vie éternelle (Sg 2,22-23 et Sg 6, 18-19).
Le Christ accomplit et dépasse la Sagesse
Jésus est un sage, un maître de sagesse : proverbes, paraboles, règles de vie étonnent ses contemporains (Mt 13,54), et même : "Il y a ici plus que Salomon" (Mt 12,42). La Sagesse personnifiée dans l’Ancien Testament a été reconnue à travers les actions de Jésus (Mt 11,19) qui appelle les petits (Mt 11,28-30 ; Cf. Dn 2,28-30). Jésus est le Fils qui révèle les secrets de Dieu (Mt 11,25-30 ; Jn 6,35 ; Cf. Pr 9,5 ; Si 24,19-21) Par son sacrifice, il devient sagesse de Dieu (1 Co 1,24-30 ; Col 2,3). [1]
Jésus s’est présenté lui-même comme plus grand que la Sagesse : quand Jésus invite à la sainteté en donnant une nouvelle Torah sur le nouveau Sinaï qu’est le mont des Béatitudes, il s’affirme au rang de la Sagesse créatrice du monde [2]. C’est pourquoi, saint Jean, s’inspirant d’une hymne juive à la Sagesse-Torah, écrira de Jésus : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. » (Jn 1,1). [3]
[1] Cf. X-L DUFOUR, « Sagesse », dans X-L DUFOUR Dictionnaire du Nouveau Testament, Seuil, Paris 1975, p. 478.
[2] Sur la Torah céleste, pré-existante à la création du monde, lire dans la Bible le chapitre 24 du livre du Siracide ; et lire dans la tradition juive Pirké Avot (Maximes des Pères), traité de la Michna, 3, 18
[3] Cf. J. BERNARD, Prologue de Jean, vv 9-13 ; dans « Graphè », Lille, presses de l’université Charles de Gaulle, n°10 (2000), p. 61-101 ; repris dans F. Breynaert, L’arbre de vie symbole central de la théologie de saint L-M de Montfort, Parole et Silence 2007, p. 90