La salutation de Marie (Lc 1, 40-41)

Luc 1, 40-41 - Elle salua Elisabeth : le commentaire des Pères de l'Eglise

"Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Elisabeth.  Or, quand Elisabeth entendit la salutation de Marie, l'enfant tressaillit en elle."

Selon saint Jean Chrysostome :

Disons encore que Marie cachait avec soin ce que l'ange lui avait dit, et ne le découvrait à personne ; elle savait qu'on n'ajouterait point foi à un récit aussi merveilleux, et elle craignait qu'il ne lui attirât des outrages, et qu'on ne l'accusât de vouloir ainsi pallier son crime et son déshonneur.

Selon la "Chaîne des Pères grecs" : 

C'est près d'Elisabeth seule qu'elle va se réfugier ; elle avait coutume d'en agir ainsi à cause de sa parenté qui les unissait, et plus encore à cause de la conformité de leurs sentiments et de leurs moeurs.

Selon saint Ambroise : 

Les bienfaits de l'arrivée de Marie et de la présence du Seigneur se font immédiatement sentir : « Aussitôt qu'Elisabeth eut entendu la voix de Marie qui la saluait, son enfant tressaillit, » etc.

Remarquez ici la différence et la propriété de chacune des paroles de l'auteur sacré. Elisabeth entendit la voix la première, mais Jean ressentit le premier l'effet de la grâce ; elle entendit d'après l'ordre naturel, mais Jean tressaillit par suite d'une action toute mystérieuse ; l'arrivée de Marie se fait sentir à Elisabeth, la venue du Seigneur à Jean-Baptiste.

Selon la "Chaîne des Pères grecs" :

Le prophète voit et entend plus clairement que sa mère, il salue le prince des prophètes, et au défaut de la parole qui lui manque, il tressaille dans le sein de sa mère (ce qui est le signe le plus expressif de la joie) ; mais qui jamais a ressenti ces tressaillements de la joie avant sa naissance ?

La grâce produit, des effets inconnus à la nature : le soldat renfermé dans les entrailles de sa mère reconnaît son Seigneur et son roi dont la naissance approche, l'enveloppe du sein maternel n'est point un obstacle à cette vision mystérieuse ; car il le voit non des yeux ou du corps, mais des yeux de l'âme."

Selon Origène :

Il ne fut pas rempli de l'Esprit saint avant l'arrivée de celle qui portait Jésus-Christ dans son sein, et c'est au même instant qu'il en fut rempli et qu'il tressaillit dans les entrailles de sa mère : « Et Elisabeth fut remplie de l'Esprit saint. »

Nul doute qu'Elizabeth n'ait dû à son fils d'avoir été elle-même remplie de l'Esprit saint."

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(Extraits de "La chaîne d'or ". Explication suivie des quatre composée des interprètes grecs et latins,et surtout des ss. Pères, traduction par l'abbé J.-M. Peronne, 1868)

Saint Thomas d'Aquin

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