Le père André Feuillet, docteur en théologie et exégète de renom, nous explique, dans son ouvrage Le sauveur messianique et sa mère, que certains auteurs attribuent le Magnificat à l'évangéliste Luc, et non à la Vierge Marie. L’auteur réfute cette thèse grâce à une argumentation convaincante.
« Certains auteurs attribuent le Magnificat à l'évangéliste, mais il nous paraît préférable de maintenir l’attribution traditionnelle du Magnificat à la Vierge Marie.
Plaident en cette faveur les faits suivants:
- Les sémitismes rédactionnels du Magnificat ;
- L’humilité (ou la bassesse) de la servante du Seigneur que souligne le Magnificat (c'est ici) (Lc 1, 48) correspond à la réponse de Marie à Gabriel : "Voici la servante du Seigneur " ;
- Cette même expression : "la bassesse de la servante du Seigneur" met Marie au nombre des pauvres, des humbles ou des petits dont il est si souvent question dans le Psautier et explique pourquoi Marie, nourrie de l’Écriture, comme l’était tout bon Israélite, s’inspire si volontiers dans son langage de celui des Psaumes ;
- La prophétie relative à la Vierge Marie : "désormais toutes les générations me proclameront heureuse" (v. 48) que nous fait lire le Magnificat, tout en correspondant merveilleusement à ce qui s’est réalisé par la suite dans l’histoire de l’Église, n’est cependant pas un anachronisme, car elle ne fait que prolonger et renforcer le cri d’admiration d’Élisabeth : "Bénie es-tu entre les femmes ! " (Lc 1,42) ;
- Le Magnificat ne parle pas de Jésus et ne renferme aucun trait qui serait une anticipation claire de l’économie nouvelle apportée au monde par le Fils de Dieu incarné et pourrait dès lors passer pour un anachronisme.
Il faut ajouter que le cantique de Marie est devenu le cantique de l’Église, chantant à son tour les merveilles de l’histoire du salut accomplies par la médiation de Marie.
Ici, comme maintes fois ailleurs dans le Nouveau Testament, Marie apparaît comme l’archétype de l’Église et le parfait modèle des disciples de Jésus. La foi au mystère rédempteur doit conduire l’Église entière et chacun de ses membres à l’admiration, à l’adoration, à la louange et à l’amour comme elle y a conduit tout d’abord la Mère du Christ.
Le Magnificat nous fait contempler en elle la réalisation parfaite de la pauvreté évangélique comprise avec la signification profonde qu’elle avait peu à peu acquise dans 1’Ancien Testament et telle qu’elle sera exprimée définitivement dans le Sermon sur la montagne. Le Magnificat célèbre la miséricorde divine qui, grâce au Fiat de Marie, commence à introduire la nouvelle alliance par laquelle vont s’accomplir les promesses faites dans l’ancienne alliance à Israël, à Abraham et à sa descendance. »
Source :
Père André Feuillet, Le sauveur messianique et sa mère, PAMI, 1990, p. 59-61.
-sur le Magnificat, dans l’Encyclopédie mariale
-sur les sémitismes du Magnificat, dans l’Encyclopédie mariale
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