Le péché originel, ou péché des origines, est une doctrine de la théologie chrétienne, tirée d'un épisode de la Bible (Gn 3), qui raconte la désobéissance d'Adam et Ève, le premier homme et la première femme. Adam et Ève ont en effet mangé, malgré l'interdiction qui leur en avait été faite par Dieu, le fruit défendu de l'arbre de la connaissance du bien et du mal. Ce péché d'origine a eu des conséquences sur l'ensemble de l'humanité, et il est lié à une théologie du salut. Ainsi, le Christ, venu sauver l’humanité, sera appelé Nouvel Adam, et la Vierge Marie, Nouvelle Ève.
L'expression « péché originel » ne figure nulle part dans la Bible, mais la doctrine s'appuie sur plusieurs passages des deux Testaments. C'est Augustin d'Hippone, à la fin du IVe siècle, qui invente le terme[1]. Cette doctrine est débattue depuis ses origines : le péché originel est en effet défini de différentes façons dans les différentes confessions, allant d’une simple déficience, ou une tendance au péché qui exclut toute idée de culpabilité a priori, jusqu'à l'idée d'une nature humaine totalement corrompue et d'une véritable culpabilité collective (comme chez les calvinistes[2]). Ces controverses autour du péché originel ont abouti à des divergences significatives dans la théologie du salut, notamment en ce qui concerne le libre arbitre et la grâce.
"1 Le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs que YHWH Dieu avait faits. Il dit à la femme: "Alors, Dieu a dit: Vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin?" 2 La femme répondit au serpent: "Nous pouvons manger du fruit des arbres du jardin. 3 Mais du fruit de l'arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit: Vous n'en mangerez pas, vous n'y toucherez pas, sous peine de mort."
4 Le serpent répliqua à la femme: "Pas du tout! Vous ne mourrez pas! 5 Mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s'ouvriront et vous serez comme des dieux, qui connaissent le bien et le mal."
6 La femme vit que l'arbre était bon à manger et séduisant à voir, et qu'il était, cet arbre, désirable pour acquérir le discernement. Elle prit de son fruit et mangea. Elle en donna aussi à son mari, qui était avec elle, et il mangea.
7 Alors leurs yeux à tous deux s'ouvrirent et ils connurent qu'ils étaient nus; ils cousirent des feuilles de figuier et se firent des pagnes. 8 Ils entendirent le pas de YHWH Dieu qui se promenait dans le jardin à la brise du jour, et l'homme et sa femme se cachèrent devant YHWH Dieu parmi les arbres du jardin.[3]"
L'enracinement historique de ce récit est celui de la culture cananéenne auxquels furent confrontés les Hébreux en sortant du désert.
L'arbre évoquait la prostitution sacrée dans des rites magiques qui recherchaient la fécondité agricole et humaine.
Les Hébreux en furent meurtris et comprirent ces choses comme une rupture d'Alliance avec le Dieu vivant, YHWH. (1)
Satan tente par l'orgueil et obscurcit l'intelligence et le discernement : notre ressemblance à Dieu est une ressemblance par participation ; Satan prétend à une ressemblance substantielle, introduisant ainsi une confusion : "vous serez comme des dieux".
Satan offense l'Esprit Saint. Satan séduit par l'attrait du nouveau et de l'impossible.
Satan commence par Ève, la femme, dont il connaît l'influence sur Adam, l'homme. Mais l'homme est tout aussi responsable.
Celui qui s'arroge le droit de prendre ce qui ne lui est pas offert est toujours un voleur et un violent. Il blesse l'amour.
L'Alliance rompue par désobéissance au commandement de Dieu provoque l'éloignement de Dieu et une succession de malheurs.
La prise de conscience du retrait de Dieu et de l'obscurité qui en découle est encore partielle dans l'Ancien Testament ; elle ne devient claire que dans l'ultime attente messianique.
Le récit de Genèse 3 montre qu'après l'orgueil vient la désobéissance, puis la méfiance et le doute, la rébellion, la nudité et la concupiscence.
Le péché ampute l'humanité dans son esprit, dans son intelligence, dans sa sensibilité : la nature humaine est ainsi blessée.
La prise de conscience d'une nature humaine blessée est encore balbutiante dans l'Ancien Testament (Sg 2, 24 ; Ps 51 (50)...) et ne devient vraiment claire qu'après la Passion et la résurrection de Jésus (Rm 5-6).
Le malheur (par exemple la douleur du meurtre d'Abel...) ouvre l'humanité au repentir.
Le mécanisme de rupture avec Dieu est toujours le même :
« Ignorer que l'homme a une nature blessée, inclinée au mal, donne lieu à de graves erreurs dans le domaine de l'éducation, de la politique, de l'action sociale et des mœurs. » [4]
L'Ancien Testament et le peuple juif ne sont pas unanimes en ce qui concerne la vie après la mort, mais le Christ a donné un enseignement clair :
- Notre vie commence à la naissance,
- Notre mort n'est qu'un passage.
- Après la mort, notre vie sera éternelle, nous pourrions dire une vie en plénitude, infinie, un infini positif ou négatif, selon ce que fut notre vie terrestre :
"Et ils s'en iront, ceux-ci à une peine éternelle, et les justes à une vie éternelle."[5]
La rupture dont parle Genèse 3, 1-6 est donc une rupture éternelle.
Cette possibilité des deux voies possibles met en lumière le libre arbitre de l’homme : voilà pourquoi Jésus n'a pas hésité à souffrir toutes les douleurs de la Passion, jusqu'à la mort, pour nous sauver de ce malheur.
En Jésus, Dieu s'est fait homme, a souffert, est mort et a été enseveli et est ressuscité.
Le premier jour de la semaine est le premier jour de la création, c'est aussi le jour de la Résurrection :
"Nous célébrons la victoire définitive du Créateur et de sa création. Nous célébrons ce jour comme origine et, en même temps, comme but de notre vie»[6].
Parce qu’il nous a sauvés, Jésus est appelé le Nouvel Adam.
Quelle est la possibilité de l'homme ?
L'homme a la liberté, la possibilité de choisir, la possibilité de ne pas écouter Satan.
Jésus, Dieu fait homme, sauve tous les hommes, mais ces hommes doivent avoir une bonne volonté, une volonté de justice, faire des efforts pour éviter le péché[7].
La sainteté de Marie est un fruit de la rédemption accomplie par le Christ Jésus.
À l'Annonciation, Marie écoute l'ange de Dieu et médite ce que dit Dieu, elle n'écoute pas Satan. Elle est appelée la nouvelle Ève.
Ainsi, au couple originel Adam et Ève succède, dans l’économie du salut, Jésus, Nouvel Adam, et Ève, Nouvelle Ève.
En outre, par le titre, "Fils de l'homme", Jésus se désigne lui-même et il désigne tous ceux qui entrent dans son royaume en s'unissant à lui. Ce qui signifie que la mère de Jésus est aussi, spirituellement, notre mère.
Source :
-CEC : Catéchisme de l'Eglise catholique
-J. BERNARD, « Genèse 1-3 : Lecture et traditions de lectures », In : Mélanges de science religieuse (1984), n°3-4, p. 109-128 ; (1986) Ibid., n°1, p. 3-55.
-sur Marie nouvelle Ève, dans l’Encyclopédie mariale
-sur le Nouvel Adam et la Nouvelle Ève, dans l’Encyclopédie mariale