On raconte qu’un jour, pendant que Rabbi Juda était en train d'expliquer l'Écriture, l'assemblée sommeillait. Pour la réveiller, il dit :
Une femme, en Egypte, engendra 600.000 personnes en un seul accouchement.
Parmi les auditeurs était un disciple connu, nommé R. Ismaël, (180 environ), fils de R. Yosè qui objecta :
Et qui peut être [cette femme]?
R. Judas répondit:
Yokebed, qui donna le jour à Moïse ; Moïse est l’équivalent de 600.000, le nombre de tout Israël, comme il est dit: "Alors Moïse et les Israélites chantèrent" » (Ex 15,1).
Et encore: "Les Israélites exécutèrent tout comme le Seigneur l’avait ordonné à Moïse" (Es 39,32). Et: "Il ne s'est plus levé en Israël un prophète comme Moïse." (Dt 34, 10)
(Cantique Rabba 1, 15.3 et 4, 1.2)
Il faut noter aussi qu'au temps de Jésus, on attendait un prophète comme Moïse est attendu. Et c’est Jésus, qui est reconnu tel, notamment lors de sa multiplication des pains, de sa marche sur les eaux, du sermon sur la montagne etc.
Marie est donc la mère de Jésus, la nouvelle Yokebed, mère du nouveau Moïse. Et c’est dans ce bain culturel qu’il faut comprendre le testament de Jésus au calvaire : « femme, voici ton fils, et au disciple : voici la mère » (Jn 19, 26-27).
En effet, Yokebed, la mère de Moïse, avait engendré en une seule fois 600.000 personnes, c’est-à-dire les Israélites qui exécutent les commandements donnés à Moïse, parce que dans la personne de Moïse est inclus tout Israël.
De la même façon, Marie est la mère universelle, la mère du Christ et de tous ceux qui par leur foi ne forment qu’un avec le Christ. Et c’est à la lumière de cette révélation chrétienne que la tradition rabbinique sur Yokebed devient une prophétie de la maternité de Marie.
Cf. Aristide SERRA, La Donna dell’Alleanza, Prefigurazioni di Maria nell’Antico Testamento, Messaggero di sant’Antonio – editrice, Padova 2006, p. 28-31 (https://www.edizionimessaggero.it/)