Dans son quatrième sermon sur la Nativité de Marie, l’évêque Fulbert de Chartres (960-1028) fondateur de la très célèbre École de Chartres, poète liturgique, musicien et épistolier, reprend et développe l’analogie établie entre le rameau d’Aaron, le rameau de Jessé (prophétie d’Isaïe) et la Vierge Marie, fleur de l’arbre de Jessé.
Pour confirmer l’autorité d’Aaron, Dieu demande à ce que tous les chefs d’Israël présentent présenter un bâton de bois sec, complètement mort, pour les représenter. Tous les bâtons ont été placés dans la tente d’assignation (v.4) et ils ont été laissés là toute la nuit :
L’homme que j’aurai choisi sera celui dont la branche fleurira : ainsi, j’apaiserai, en les écartant de moi, les récriminations que les fils d’Israël élèvent contre vous. »
Moïse parla aux fils d’Israël et chacun de leurs responsables lui donna une branche, une branche par responsable selon leur tribu, soit douze branches ; et la branche d’Aaron se trouvait au milieu de leurs branches.
Puis Moïse déposa les branches devant le Seigneur dans la tente du Témoignage.
Le lendemain, Moïse entra dans la tente du Témoignage, et voici : la branche d’Aaron avait fleuri pour la maison de Lévi ; la branche avait fait éclore une floraison, fleurir des fleurs et mûrir des amandes ! (Nb, 17, 20-23 sqq)
Fulbert de Chartres reprend de la tradition l’analogie de Marie avec la verge d'Aaron, avec laquelle Moïse opéra de nombreux prodiges au milieu du peuple d’Israël. Cette analogie coïncide avec l’affirmation de la virginité de Marie :
"Comme cette verge fit mûrir des amandes sans avoir ni racines ni quelque autre ressource naturelle ou artificielle, la Vierge Marie a ainsi engendré le Fils de Dieu sans rapport conjugal ; sans aucun doute un Fils germe avec fleur et avec fruit : avec fleur pour la beauté, avec fruit pour l'utilité". [1]
Pour mieux établir ce symbolisme de la verge d'Aaron, Fulbert recourt aux oracles du prophète Isaïe :
"Les fils d’Israël se demandaient ce que signifiait ce prodige merveilleux, [le prodige de la verge d'Aaron] mais ce n’est que longtemps après que le prophète Isaïe le leur dévoila lorsqu'il dit : "Une pousse germera du tronc de Jessé ; un rejeton fleurira de ses racines" (Is 11,1). Et comme si à ces mots ses auditeurs lui disaient : O père Isaïe, tu parles un langage obscur, de grâce exprime-toi plus clairement, alors il parla ouvertement et il dit : "Voilà, la Vierge concevra et enfantera un Fils et on l’appellera Emmanuel"(Is 7, 14)" [[2].
Le vitrail de l’arbre de Jessé de la cathédrale de Chartres illustre parfaitement cette interprétation de la prophétie d’Isaïe (Is. 11 :1-2) :
« Un rameau sortira du tronc de Jessé, et un rejeton naîtra de ses racines. L'Esprit de l'Éternel reposera sur lui: Esprit de sagesse et d'intelligence, Esprit de conseil et de force, Esprit de connaissance et de crainte de l’Éternel. »
Dans ce vitrail, Jessé est la racine de l’arbre généalogique du Christ, les rois d’Israël en forment la tige, la Vierge Marie en est la fleur, et le Christ le fruit.
Le Christ est ainsi présenté comme fils de David.
[1] Fulbert de Chartres, Sermo IV in Nativitate B.V.M., PL 141, 321 C
[2] Fulbert, Sermo IV in Nativitate B.V.M., PL 141, 321 B.
-sur saint Fulbert de Chartres (960-1028), dans l’Encyclopédie mariale
-sur le bâton d'Aaron (Nb 17, 16-24), dans l’Encyclopédie mariale
-sur Marie et la verge d'Aaron selon Raban Maur (780-856), dans l’Encyclopédie mariale
-sur le rameau de Jessé annoncé par Isaïe (Is.11), dans l’Encyclopédie mariale
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