L'Esprit Saint est donné par Jésus, sur la croix où Jésus est glorifié (Jn 19, 30), le jour de la résurrection (Jn 20, 22), et à la Pentecôte (Ac 2).
« L'amour de Dieu répandu dans nos cœurs par l'Esprit Saint qui nous a été donné » (Rm 5, 5).
« Ce qui est principal dans la loi nouvelle, nous le savons, c'est la grâce du Saint-Esprit; celle-ci ne devait pas être répandue en abondance avant que la rédemption consommée par le Christ eût débarrassé le genre humain de l'obstacle du péché. D'où cette parole (Jn 7,39) : "L'Esprit Saint n'était pas encore donné, parce que Jésus n'avait pas encore été glorifié." »[1]
Ceci étant dit, il est nécessaire de dire aussi que l'Esprit Saint est présent bien avant l'Incarnation et chez les païens ; sans cela, qui guiderait les païens vers la conversion ? Seul l'Esprit de Jésus peut préparer les hommes à accueillir Jésus.
C'est pourquoi Jean-Paul II n'hésite pas à écrire :
« La présence et l'activité de l'Esprit ne concernent pas seulement les individus, mais la société et l'histoire, les peuples, les cultures, les religions. » [2]
Certes, un non-chrétien ne voit pas que l'Esprit Saint prépare l'Incarnation, et il dans la pénombre il a du mal à discerner les esprits... Mais un chrétien reconnaît où était présent déjà l'Esprit Saint, celui dont Jésus est oint.
Dans l'Ancien Testament, l'Esprit Saint se manifeste dès la formation du peuple pendant l'Exode, il se manifeste aussi comme onction sur les prêtres, les prophètes et les rois :
Premier exemple : L'Exode et la formation d'un royaume.
Dans l'expérience de l'Exode, l'Esprit Saint (ou Ruah) fait découvrir le Dieu vivant comme Donateur (il donne l'eau, la manne...), Libérateur, et Législateur.
L'expérience de l'Exode réalise la création d'un peuple nouveau. L'Esprit Saint (ou Ruah) est ensuite perçu comme l'Esprit Créateur de tout l'univers (Gn 1, 1).
L'Esprit confère à Moïse et aux anciens de "porter la charge du peuple" (Cf. Nm 11,17-25), l'Esprit habite en Josué au moment de la conquête de la terre promise (Nm 27,18), l'Esprit anime Gédéon (Jg 6, 34), Jephté (Jg 11, 29), Samson (Jg 14,6-19; 15,14) en leurs entreprises courageuses pour libérer Israël de l'oppression.
Pour tous ces personnages, l'action de l'Esprit a cependant un caractère provisoire, en vue d'une intervention déterminée et pour un temps spécifique.
Un chrétien reconnaît l'Esprit Saint à l'œuvre dans le lent cheminement enseignant à Israël une attitude de foi exempte de toute convocation magique.
Second exemple : L'onction de l'Esprit saint sur les prêtres.
L'Ancien Testament a vu naître un sacerdoce saint (autrement dit, marqué par un esprit « Saint »), les prêtres officiaient dans la continence (à l'opposé des cultes cananéens) et célébraient des fêtes commémorant la Pâque (la sortie d'Egypte) ; après coup, on peut y reconnaître l'Esprit Saint de Jésus, né d'une Vierge, et grand prêtre d'une Pâque éternelle.
Troisième exemple : L'onction de l'Esprit Saint sur les rois.
C'est encore le même Esprit qui investit le roi Saul en confirmant son onction (Cf. 1Sam 10,6 - 10; 11,6). Mais le roi le roi Saul a encore du mal à discerner entre l'Esprit Saint et les esprits (quelque peu shamaniques) des prophètes qui l'entourent.
Le don de l'Esprit à David a déjà un caractère permanent : « L'esprit du Seigneur fondit sur David à partir de ce jour-là et dans la suite » (1 Sam 16,13). L'Esprit Saint inspire à David d'être un roi selon le cœur de Dieu, un roi attentif non pas à se servir lui-même mais à servir le pauvre, la veuve et l'orphelin ; le chrétien y reconnaîtra l'Esprit Saint (de Jésus) : la structuration du royaume de David était une œuvre divine et providentielle, mais elle devra être dépassée en Jésus.
Quatrième exemple : L'onction de l'Esprit saint sur les prophètes.
Les prophètes sont inspirés par l'Esprit Saint.
L'Esprit de sainteté enseigne, de l'intérieur, à pratiquer les mœurs divines, à commencer par le décalogue (Dt 5). Tout un cheminement est nécessaire, c'est pourquoi l'Esprit Saint est promis par les prophètes pour intérioriser l'Alliance :
« Et je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau, j'ôterai de votre chair le cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair. Je mettrai mon esprit en vous et je ferai que vous marchiez selon mes lois et que vous observiez et pratiquiez mes coutumes.» (Ezéchiel 36, 26-36)
Quand Isaïe s'écria « Ah si tu déchirais les cieux et si tu descendais » (Is 63, 19), une prise de conscience se fait, du moins par le courant Isaïen. L'homme est dans une obscurité trop profonde pour comprendre la loi et la mettre en pratique : il lui faut un pardon plus radical, une révélation céleste, une « ouverture du ciel » : « Ah, si tu déchirais les cieux ! » Cette prise de conscience n'a pas été partagées par tous (cette dimension est absente du Pentateuque), mais elle venait de l'Esprit Saint, l'Esprit de Dieu qui en déchirant les cieux s'est incarné en Jésus. L'Esprit Saint avait mis sur les lèvres d'Isaïe des mots dont le prophète lui-même ne pouvait imaginer l'ineffable accomplissement.
Il s'agit d'un seul et même Esprit Saint dans la préparation de l'Ancien Testament, dans l'accomplissement de l'Incarnation, et dans l'Eglise.
Moïse a vu YHWH de dos (Ex 33, 23), les Juifs eux-mêmes reconnaissaient après coup les passages de l'Esprit Saint, et c'est alors que les auteurs sacrés écrivent. Les chrétiens reconnaissent aussi après-coup que c'était l'Esprit Saint, l'Esprit de Jésus, qui préparaient le peuple à Le recevoir.
Il n'y a pas plusieurs Esprits Saints. En effet, nul ne peut guider s'il ne connaît le but. Si ce n'est pas un unique Esprit Saint, l'Esprit de Jésus, qui guide les hommes à toutes les étapes de l'histoire du salut, alors qui pourrait guider les païens vers la conversion, les Juifs dans la reconnaissance du Messie, ou les chrétiens vers la vérité toute entière ?[3]
Jusqu'au Nouveau Testament.
Le message de l'Ancien comme du Nouveau Testament ne peut se comprendre que dans l'Esprit Saint.
Avec l'Esprit Saint, nous pouvons aimer, pardonner...
Sans l'Esprit Saint, la morale chrétienne semble inaccessible ou cassante. Avec l'Esprit Saint, la morale chrétienne est comprise comme une chemin de vie !
Avec l'Esprit Saint nous pouvons offrir nos souffrances, louer Dieur !
Sans l'Esprit Saint, on ne voit dans l'Eglise qu'une hiérarchie. Avec l'Esprit Saint, on voit dans l'Eglise une mère qui nous donne Jésus !
Sans l'Esprit Saint, l'hostie nous semble un pain rond, plat et insipide. Avec l'Esprit Saint, on sait que c'est Jésus qui se donne à nous !
Etc.
Le rôle de Marie et le rôle de l'Esprit Saint.
Le rôle de Marie et le rôle de l'Esprit Saint se ressemblent parce que, réellement, Marie est « le temple de l'Esprit Saint ».
L'Esprit Saint est appelé Paraclet (avocat), Marie est appelée avocate, mais dans un sens dérivé, second (un peu comme lorsque l'on parle de sa médiation dans le Christ unique médiateur). De même, Marie est mère de l'unité, mère de miséricorde, reine des apôtres et reine des martyrs.
La Vierge Marie était en prière au cénacle de la Pentecote (Ac 1, 14)
Puissions-nous désirer l'Esprit Saint autant que la Vierge Marie l'a désiré...
Puissions-nous appeler l'Esprit Saint autant que la Vierge Marie l'a appelé !
[1] Saint Thomas d'Aquin, Somme Théologique, I-IIa Qu.106 a.3
[2] Jean-Paul II, Encycl. Redemptoris missio, n. 28. Pour les « semences du Verbe », cf. aussi S. Justin, Apologia II, 8,1-2; 10,1-3; 13,3-6: éd. E.J. Goodspeed, 84; 85; 88-89.
[3] Françoise Breynaert, La Bonne nouvelle aux défunts, nouveau paradigme de la théologie des religions. Paris 2013
Françoise Breynaert