Né à Orléans, Charles Péguy, orphelin de père, il est élevé par sa mère et sa grand-mère, rempailleuses de chaises au faubourg Bourogne. Education pieuse, sévère et studieuse. Ecolier modèle, Péguy obtient une bourse au lycée.
En classe de philosophie, il perd la foi et milite dans les groupements socialistes ouvriers de la ville. Il est reçu à l'Ecole normale supérieure en 1894. [1]
En septembre 1908, il confie à son ami Joseph Lotte la nouvelle de sa conversion religieuse.
Mobilisé le 4 août 1914, il est tué d'une balle au front, à Villeroy, dans la Brie.
Le philosophe : Disciple de Bergson, il se défiera, comme beaucoup de penseurs de sa génération, d'une dialectique trop conceptuelle et des idéologies construites en système clos. C'est un réaliste, pour qui une idée est d'abord une expérience sensible. [1]
L'homme engagé : Il crée en 1898 une librairie socialiste et prend la défense de Dreyfus.
Péguy a écrit de nombreux essais, comme L'Argent (1913), où il critique la vanité de l'homme qui prétend remplacer Dieu, la part donnée à l'argent et à l'âpreté mise dans sa recherche et son accumulation ; un monde qui tourne le dos aux humbles vertus du travail patient de l'artisan ou du paysan.
Une bonne moitié de l'œuvre de Péguy a été inspirée par l'actualité. Elles sont difficiles à interpréter et ont parfois été récupérée par le régime de Vichy.[1]
Péguy est un homme de l'Espérance, il a obtenu cette vertu par l'intercession de Notre Dame, celle qui « est infiniment joyeuse. Parce qu'aussi elle est infiniment douloureuse »... « Celle qui est toute Foi et toute Charité. Parce qu'aussi elle est toute Espérance »...
Péguy est un homme de l'Incarnation : il a compris la nécessité pour le spirituel, s'il veut conserver sa valeur, de s'incarner, de prendre son inscription temporelle. Il a contribué à promouvoir une spiritualité d'« incarnation» fondée sur le devoir d'état.
Ses pièces de théâtre en vers libres (La phrase morcelée par un artifice typographique a pour effet de ralentir la lecture et de mettre en valeur certains mots.)
Le Mystère de la charité de Jeanne d'Arc (1910).
Cette pièce « ne révèle ni l'histoire de Jeanne, ni la pensée, fut-elle religieuse, de Péguy, mais sa prière. »[2]
N.B. Jeanne d'Arc, au début du XV° siècle, mena victorieusement les troupes françaises contre les armées anglaises, levant le siège d'Orléans, conduisant le dauphin Charles au sacre à Reims et contribuant ainsi à inverser le cours de la guerre de Cent Ans.
Le Porche du Mystère de la deuxième vertu (1912).
La deuxième vertu est une « petite fille » : l'espérance.
Trois ans après son retour à la foi, en 1908, Charles Péguy tombe à la fin de l'été 1911 dans un « creux de détresse ». Elle s'aggrave quand Pierre, son dernier-né, est atteint en février 1912 d'une typhoïde. Quinze jours d'angoisse. Il s'engage, par un vœu, à faire à pied le pèlerinage de Chartres, si l'enfant guérit...
« Notre-Dame m'a sauvé du désespoir. C'était le plus grand danger. Je m'en suis sorti en écrivant mon Porche. »
Le Mystère des Saints Innocents, 1912.
Des recueils poétiques en vers réguliers, comme La Tapisserie de Notre-Dame (1913).
Son influence a été profonde sur un autre grand écrivain: Georges Bernanos.
[1] Cf. J. ONIMUS, « Péguy », dans Encyclopédie universalis, vol 12, Paris 1968, 692-693
[2] Cf. Pie Duployé, La religion de Péguy, Paris, Klincksieck, 1965
F. Breynaert