Il y a des jours où les patrons et les saints ne suffisent pas.
Les plus grands patrons et les plus grands saints.
Les patrons ordinaires, les saints ordinaires.
Et où il faut monter, monter encore, monter toujours ; toujours plus haut, aller encore [...]
Alors il faut prendre son courage à deux mains.
Et s'adresser directement à celle qui est au-dessus de tout.
Être hardi.
Une fois.
S'adresser hardiment à celle qui est infiniment belle.
Parce qu'aussi elle est infiniment bonne.
A celle qui intercède. La seule qui puisse parler avec l'autorité d'une mère.
S'adresser hardiment à celle qui est infiniment pure.
Parce qu'aussi elle est infiniment douce.
Infiniment accueillante.
Accueillante comme le prêtre qui au seuil de l'église va au-devant du nouveau-né jusqu'au seuil. Au jour de son baptême.
Pour l'introduire dans la maison de Dieu.
À celle qui est infiniment riche.
Parce qu'aussi elle est infiniment pauvre.
A celle qui est infiniment haute.
Parce qu'aussi elle est infiniment descendante.
A celle qui est infiniment grande.
Parce qu'aussi elle est infiniment petite.
Infiniment humble.
Une jeune mère.
A celle qui est infiniment jeune
Parce qu'aussi elle est infiniment mère.
A celle qui est infiniment droite.
Parce qu'aussi elle est infiniment penchée.
A celle qui est infiniment joyeuse.
Parce qu'aussi elle est infiniment douloureuse.
Septante et sept fois septante fois douloureuse.
À celle qui est infiniment touchante.
Parce qu'aussi elle est infiniment touchée.
A celle qui est toute Grandeur et toute Foi.
Parce qu'aussi elle est toute Charité.
A celle qui est toute Foi et toute Charité.
Parce qu'aussi elle est toute Espérance.
Heureusement que les saints ne sont pas jaloux les uns des autres. Il ne faudrait plus que ça. Ce serait un peu fort. Et ensemble heureusement qu'ils ne sont point jaloux de la Vierge. C'est même ce que l'on nomme la communion des saints. [...]
A celle qui est pleine de grâce
Parce qu'elle est avec nous.
A celle qui est avec nous
Parce que le Seigneur est avec elle.
A celle qui intercède.
Parce qu'elle est bénie entre toutes les femmes.
Et que Jésus, le fruit de son ventre, est béni.
[...]
A celle qui est pleine de grâce
Parce qu'elle est aussi pleine d'efficace
Maintenant.
Et parce qu'elle est pleine de grâce et pleine d'efficace
Et à l'heure de notre mort ainsi soit-il.
Charles Péguy, Le Porche du mystère de la deuxième vertu, Gallimard 1911, p. 68-91.
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