« L'Annonce » a été produite pour le théâtre en 1912, réécrite en 1948, sa beauté littéraire en a permis l'adaptation en opéra (par Renzo Rossellini en 1970) et au cinéma (par Alain Cuny en 1991).
Au Prologue, Violaine, fille aînée d'un riche paysan champenois, Anne Vercors, salue au petit matin le départ de leur hôte, Pierre de Craon, atteint de la lèpre, en lui donnant un baiser que surprend Mara. À l'acte I, dans la matinée du même jour, Anne Vercors annonce à sa femme qu'il part pour Jérusalem, et il veut auparavant fiancer Violaine avec un voisin, Jacques Hury.
Mais l'acte II révèle que Mara aime Jacques ; elle va semer le soupçon en lui, d'autant qu'il apprend que Violaine est devenue lépreuse ; après l'avoir accablée de reproches, il la conduit à une léproserie. L'acte III nous situe 7 ans après, pendant la veillée de Noël : Mara arrive, apportant à sa sœur désormais recluse et aveugle la petite fille qu'elle a eue de Jacques et qui est morte soudainement. La douleur sauvage de Mara arrache à Violaine un miracle : la petite revient à la vie. Mais ce miracle a redoublé la haine de Mara contre sa sœur et, au début de l'acte IV, elle veut la tuer en la précipitant dans une sablière. C'est alors que le Père revient, portant dans ses bras Violaine agonisante. Mara se justifie devant tous, et sa sœur pardonne, avant de mourir dans l'apaisement général.
Ce drame puisé dans les racines de l'auteur présente d'abord un profond intérêt humain en montrant crûment les diverses facettes de la rivalité amoureuse de deux sœurs et les réactions des deux hommes qui les aiment ainsi que de leurs parents. Mais simultanément, le surnaturel transcende l'histoire. Déjà, au départ, la lèpre apparaît mystérieusement liée à des instants d'égarements sensuels qui deviendront une malédiction. Mais c'est surtout le miracle, accompli devant le public, qui donne une dimension résolument religieuse à ce "drame de la possession d'une âme par le surnaturel", selon la définition de Claudel. Non seulement il fait de Violaine une qui ressuscite un enfant, mais Mara est également touchée par le surnaturel car, grâce à sa "foi enragée, elle croit que Dieu peut lui faire du bien", et le destin des deux sœurs se trouve inextricablement lié.
« L'Annonce » a été produite pour le théâtre, sa beauté littéraire en a permis l'adaptation à l'Opéra. Elle a aussi été adaptée au cinéma.
Extraits de :
[Lien perdu]-claudel.net/node/103/>[Lien perdu].paul-claudel.net/node/103/ Le 24 février 2011.