Il est midi, je vois l'église ouverte.
Il faut entrer.
Mère de Jésus-Christ,
je ne viens pas prier.
Je n'ai rien à offrir
et rien à demander.
Je viens seulement, Mère,
pour te regarder.
Te regarder, pleurer de bonheur,
savoir cela que je suis ton fils et que tu es là.
Rien que pour un moment,
pendant que tout s'arrête.
Midi !
Être avec toi, Marie,
en ce lieu où tu es ;
ne rien dire, regarder ton visage,
laisser le cœur chanter dans son propre langage.
Ne rien dire, mais seulement chanter parce qu'on a le cœur trop plein,
comme le merle qui suit son idée en ces espèces de couplets soudains,
Parce qu'il est midi,
parce que nous sommes en ce jour d'aujourd'hui,
Parce que tu es là pour toujours,
simplement parce que tu es Marie,
simplement parce que tu existes.
Mère de Jésus-Christ, sois remerciée.
Paul Claudel, La Vierge à midi (Œuvre Poétique, Gallimard, Pléiade, p. 545-546).
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