Le monastère d’Al-Maghti a été le lieu d'un pèlerinage marial, avec un phénomène d'apparitions collectives annuelles. Après la destruction de ce sanctuaire, la foi populaire s'est reportée sur le monastère Damienne.
À l'origine, c'était le monastère d’Al-Maghti qui était le lieu d'un pèlerinage marial, avec un phénomène d'apparitions collectives annuelles.
Après la destruction de ce sanctuaire, la foi populaire s'est reportée sur le monastère Damienne.
D’après les récits du géographe et chroniqueur musulman Al-Maqrîzî (1364-1442), la Vierge apparaissait chaque année dans l’église du monastère d’Al-Maghti, connu aussi par les Éthiopiens sous le nom de Dabra Metmâq, situé près du lac Bouroullos et au nord de Bilqâs (dans le Delta oriental), le 21 du mois copte de bachnas (29 mai).
Selon un cycle de traditions mariales conservé en Éthiopie, c’est à la suite d’une demande expresse de l’Enfant Jésus que la Vierge se manifestait annuellement à Al-Maghti, entourée des archanges Michel et Gabriel, ainsi que de saints martyrs, à tout fidèle pèlerin qui le souhaitait ardemment au fond de son cœur. Dès la première année après la fondation du monastère, les moines réunis en l’église avaient vu une colonne de lumière effleurer l’autel, se transformer en barque lumineuse portant la Vierge, les anges, des saints (notamment les apôtres et les saints cavaliers, Théodore, Georges et Mercure), et aussi les innocents exterminés sur l’ordre d’Hérode. La Vierge ayant enjoint aux moines d’associer le peuple à ce miracle, un pèlerinage fut organisé.
Le pèlerinage durait cinq jours et réunissait, dans d’immenses campements, des pèlerins égyptiens, éthiopiens, maronites, grecs, nestoriens, latins et même musulmans. Les fidèles adoptèrent la coutume de lancer vers la coupole de l’église, au moment de l’apparition, leurs turbans et foulards, et parfois la Vierge consentait à en toucher l’un ou l’autre. Chacun pouvait en outre demander et obtenir de voir, pressés autour de Notre Dame, ses parents ou ses proches défunts, comme s’ils étaient vivants. Les apparitions du monastère d’Al-Maghti furent très connues en Ethiopie, grâce au Livre des miracles de Marie et elles sont même mentionnées dans le synaxaire éthiopien, à la date du 21 genbot/21 bachnas (29 mai).
Selon ce Livre des miracles, confirmé par le géographe Al-Maqrîzî (mort en†1441), le monastère fut détruit en 1438, durant le ramadan, sur ordre du sultan mamelouk Barsbay al-Malik al-Ashraf Sayf ad-Dan.
La foi populaire semble alors avoir déplacé les « apparitions » de la Vierge au monastère proche de Sainte-Damienne à Deir Dimyanah. Mais c'est alors un phénomène très naturel qui semble expliquer les dites "apparitions" (voir ce lieu).
Source:
Extraits de Christian CANNUYER, "DEIR AL-MAGHTI", dans : René LAURENTIN et Patrick SBALCHIERO, Dictionnaire encyclopédique des apparitions de la Vierge. Inventaire des origines à nos jours. Méthodologie, prosopopée, approche interdisciplinaire, Fayard, Paris 2007.
-Sur le monastère Sainte-Damienne de Deir Dimyanah, dans l'Encyclopédie mariale
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