La ville d’Alexandrie- dont la célèbre bibliothèque est l’un des joyaux- fut, depuis sa christianisation, l’un des plus grands lieux antiques de culture hellénistique et religieuse. Déjà avant le christianisme, Alexandrie était un foyer important du judaïsme et avait été marquée par le platonisme (Cf. Philon d’Alexandrie). C’est ainsi que le titre de ‘Theotokos’ , ou Mère de Dieu, attribué à la Vierge Marie, existait déjà à Alexandrie, bien avant on adoption définitive au concile d’Éphèse en 431. Parmi les Pères de l’Église qui ont œuvré pour cette reconnaissance, les saints et Docteurs de l’Église Athanase et Cyrille d’Alexandrie, tous deux évêques d’Alexandrie, sont vénérés à la fois par l’Église catholique et l’Église orthodoxe.
Alexandrie, c’est la ville de saint Athanase et de saint Cyrille. Ces deux évêques, qui ont laissé un grand héritage à l’Égypte et à toute l'Église sont appelés "pères de l'Eglise".
Dans les premiers siècles à Alexandrie, on se réfère beaucoup à l’évangile de saint Jean, et on envisage le moment où le Verbe s’est fait chair : il était Dieu, il est venu chez les hommes.
La valeur de l’école d’Alexandrie est de rendre compte de l’unité du Christ, et Marie est Théotokos (= Mère de Dieu).
Saint Athanase († 373), évêque d’Alexandrie, explique aux gens de son temps ce qui s’est passé à Nazareth : l’Incarnation.
Il pose la question :
« Et pourquoi donc Dieu aurait-il fait les hommes, s’il n’avait voulu être connu par eux ? » [1]
Il constate :
Mais les hommes « se souillèrent » et « se sont forgé d’autres dieux. » [1]
Il comprend l’événement de l’Incarnation :
Dieu « vint en homme parmi les hommes », « afin que partout où les hommes étaient attirés, il les ramène et leur enseigne son véritable Père », « afin de centrer les hommes sur Lui-même », « par ses œuvres il les persuaderait qu’il n’est pas un homme seulement, mais Dieu, Verbe et Sagesse du Dieu véritable. » [1]
La grande méditation du concile de Nicée pourrait être résumée par cette réponse de Jésus à Philippe : « Qui m’a vu, a vu le Père » (Jn 14,9) : Jésus est le visage humain de Dieu !
Tandis qu’Arius enseigne que Jésus n’est pas Dieu, mais la première Créature de Dieu, saint Athanase dit que Jésus est Dieu, il est de même nature que le Père.
Le concile de Nicée affirme la foi en « un seul Seigneur Jésus-Christ, le fils unique de Dieu, c’est-à-dire de même nature (substance) que le Père, il est Dieu né de Dieu, Lumière né de la Lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu, engendré non pas créé, consubstantiel au Père. »
Le Christ est donc vraiment homme et vraiment Dieu. Comme tel, il nous a vraiment sauvé: « Pour nous les hommes et pour notre salut, il se fit homme. »
Athanase, qui participa au Concile de Nicée, dira :
« Si le Fils était une créature, l’homme resterait simplement mortel, sans être uni à Dieu. […] L’homme ne pouvait pas être divinisé en restant uni à une créature, si le Fils n’était pas vrai Dieu. » [2]
« Si en effet elle avait eu un autre fils, le Sauveur [au calvaire] en aurait tenu compte, sans devoir confier la mère à d’autres. » [3]
« Marie persévéra toujours en sa virginité comme étant celle qui avait engendré le Seigneur et pour être un exemple pour chacun. En conséquence, si une femme désire rester vierge et épouse du Christ, elle peut prendre en considération la vie de Marie et l’imiter […].
Paul a probablement connu la vie de Marie, s’il est vrai qu’il a pris en elle son modèle pour étendre la doctrine de la virginité. Voyez ce qu’il écrivit aux Corinthiens :
"En ce qui concerne les vierges, je n’ai pas de commandement du Seigneur, mais je donne un conseil comme quelqu’un qui a obtenu miséricorde du Seigneur et qui mérite confiance." (1 Cor 7,25). » [4]
Un peu plus tard, un autre débat est suscité par Nestorius. Pour le comprendre, il faut percevoir le contexte général.
L’école d’Alexandrie, fondée par Origène, est célèbre par Athanase († 373), qui participa au concile de Nicée et par Cyrille d’Alexandrie († 444), qui participa au concile d’Éphèse.
Il y a aussi l’école d’Édesse en Syrie avec Ephrem († 373).
Les Églises de l’Asie mineure sont célèbres par les trois Cappadociens, Basile, Grégoire de Nysse et Grégoire de Naziance.
Il y a aussi l’Église de la Palestine avec Origène, l’historien Eusèbe, Cyrille de Jérusalem († 387) et Epiphane de Salamine († 403).
Il y a encore l’Église d’Antioche avec Jean Chrysostome († 407).
À Alexandrie, on se réfère beaucoup à l’évangile de saint Jean, et on envisage le moment où le Verbe s’est fait chair. Lui qui est Dieu, il est venu habiter parmi nous. La valeur de l’école d’Alexandrie est de rendre compte de l’unité du Christ - donc Marie est Theotokos (ce sera le schème qui prévaudra au concile d’Ephèse). Mais les alexandrins ont du mal à trouver le langage adéquat pour rendre compte de la distinction des natures après l’union.
À Antioche, on se réfère beaucoup aux évangiles synoptiques (= Matthieu, Marc, Luc), et on considère l’homme Jésus en tant qu’il est le « parfaitement Dieu » et le « parfaitement homme » (ce sera le schème représentatif du Concile de Chalcédoine). Mais l’école d’Antioche aime le langage des deux natures au risque de poser deux sujets (Nestorius).
C’est dans ce contexte que prend toute sa valeur la formule d'union de saint Cyrille d'Alexandrie (433), au concile d’Ephèse dont voici un extrait :
« Nous affirmons un Christ, un Fils, un Seigneur.
En raison de cette union sans confusion, nous confessons la Vierge Mère de Dieu, parce que le Dieu Verbe s'est incarné et s'est fait homme, et que, dès l'instant de sa conception, il s'est uni le temple qu'il avait pris d'elle.
-Sur st Athanase d’Alexandrie (par Benoît XVI), dans l’Encyclopédie mariale
-Sur st Cyrille d’Alexandrie, dans l’Encyclopédie mariale
-Sur Origène et la ‘Theotokos’, dans l’Encyclopédie mariale
-Sur le développement de la doctrine mariale au IIIès, dans l’Encyclopédie mariale
-Sur le concile de Nicée, dans l’Encyclopédie mariale
-Sur le concile d’Éphèse, expliqué par le pape Jean-Paul II, dans l’Encyclopédie mariale
Françoise Breynaert et l’équipe de MDN.