Pontmain, détails sur une enquete...

Détails sur les enquêtes concernant Pontmain

Le 2 février 1872, l’évêque publie son jugement : « L’Immaculée Vierge Marie, Mère de Dieu, a véritablement apparu, le 17 janvier 1871, à Eugène Barbedette, Joseph Barbedette, Françoise Richer et Jeanne-Marie Lebossé, dans le hameau de Pontmain. » (Le témoignage des tout-petits n’est pas mentionné faute de toute valeur juridique.)

En 1918, Mgr Grellier, soucieux d’obtenir un office liturgique de Notre-Dame de Pontmain, écrit à Rome, mais il n’a pas retrouvé le procès de 1871- 1872, en l’absence duquel le Saint- Siège ne peut rien accorder. Il décide d’en faire un second, les voyants étant toujours vivants, trente-quatre ans après. Mais ici, un problème survient : Jeanne-Marie Lebossé, devenue religieuse, s’est accusée : « Elle n’avait pas vu », dit-elle. Cela plonge la commission d’enquête dans une grande perplexité.

L’évêque de Laval décide par décret de la reprise du procès canonique. Les sessions 2, 3 et 4 (18-20 décembre) enregistrèrent le témoignage de Jeanne-Marie Lebossé. Ainsi fut-il confirmé que sa rétractation ne concernait qu’elle, sans aucune concertation avec les autres témoins.

La vérité était donc bien manifestée officiellement et juridiquement ; mais on préféra la laisser dans le secret tant pour ne pas accabler la rétractante que pour ne pas scandaliser la foi des fidèles fervents de ce pèlerinage. Le secret fut bien gardé.

L’enquête du père René Laurentin

Ecoutons-le lui-même :

En 1963, lorsque Mgr Guilhem, évêque de Laval, me demanda de faire, pour le centenaire, l’histoire de Pontmain et une pré-enquête m’apprit ce secret.

Dans les mois suivants, à ma surprise, l’analyse des témoignages de Jeanne-Marie Lebossé manifesta, d’une part, l’incohérence de sa rétractation et, d’autre part, la cohérence de ses premiers témoignages. Les enquêteurs lui demandèrent : «Comment avez-vous répondu aux interrogatoires d’alors, puisque vous n’aviez pas vu? – J’étais la plus petite et je répétais ce que disaient les autres.»

Or loin de répéter ce que disaient les autres, c’est elle qui fut interrogée la première, par le curé, le lendemain de l’apparition, moins de douze heures après.

D’indice en indice, je pus reconstituer de proche en proche son drame de conscience, d’ailleurs classique. Si certains voyants gardent toute leur vie un vif souvenir des apparitions, d’autres butent sur un trou noir quand ils veulent se rappeler cet état second. Jeanne-Marie Lebossé est affligée de la maladie du scrupule.


Extraits de René LAURENTIN, « Pontmain », dans : René LAURENTIN et Patrick SBALCHIERO, Dictionnaire encyclopédique des apparitions de la Vierge. Inventaire des origines à nos jours. Méthodologie, prosopopée, approche interdisciplinaire, Fayard, Paris 2007.