Enfance :
De souche savoyarde, le futur Père Jacquier est né le 26 mai 1906, à Paris où ses parents exilés menaient une vie modeste dans le quartier laborieux de La Villette. De petite taille, il se développait lentement et surtout il souffrait de polypes intestinaux qui saignaient régulièrement, ce qui l'obligeait à des soins humiliants. Sa sœur l'emmène (malgré les peurs du garçon liées à sa santé) au patronage Notre-Dame de Nazareth, tenu par les frères de saint Vincent de Paul. Là, il apprend peu à peu à dompter son caractère colérique, il fait sa première communion à onze ans, et reçoit la confirmation deux ans plus tard.
Formation religieuse et sacerdotale :
En 1922, il entre chez les religieux de Saint-Vincent de Paul.
En 1926, il entre au scolasticat de Rome où sa grande intelligence en fait un possible successeur à la tête du scolasticat.
En 1929, sa mauvaise santé s'aggrave. Opéré une première fois d'une tumeur, la plaie se cicatrise mal. Ses supérieurs décident de le rapatrier à Paris où il prononce ses vœux perpétuels la veille de l'opération, le 2 octobre 1929, dans la chapelle Notre-Dame-de-la-Salette à Paris. Après treize mois de martyre, le spécialiste renonce à le guérir et lui pose un anus artificiel. Le frère Gabriel termine ses études en Belgique.
Apostolat :
- En 1932, il est ordonné prêtre et nommé aumônier du Cercle ouvrier de Montparnasse. Le Cercle était en décadence, il n'était plus qu'un centre de loisir... Malgré la fronde que cela susciterait, le P. Jacquier nomme de nouveaux jeunes responsables et remet en valeur la prière et le chapelet. Il s'attache à former en profondeur simplement trois jeunes gens - lequels, par la suite, ont réformé tout l'ensemble.
- En 1935, il suit une retraite à Tournai, en Belgique, prêchée par le Père Hupperts, Montfortain. Après cette retraite de 1935, il prend l'habitude de consigner sur de petits carnets noirs les lumières qu'il reçoit dans son oraison sur cette union de l'âme à Marie. Il a le projet d'en faire un livre qu'il voudrait intituler « Notre Filiation divine en Marie » (et qui seront publiés après sa mort sous le titre « La vie mariale »[1]).
- Le Père Jacquier se passionne aussi pour le Règne social de Marie comme moyen d'instaurer le Règne de Jésus. C'était, pour ainsi dire, son unique sujet de conversation. Il condense toute sa pensée dans une petite brochure intitulée L'ordre social chrétien par le règne social de Marie, publiée en 1939[2].
Mort du P. Jacquier :
C'est le 13 décembre 1942 que le Père Jacquier s'éteignit paisiblement.
De sa chambre dont on avait laissé les portes ouvertes, il avait pu s'unir à la cérémonie de consécration de sa congrégation et de ses œuvres au Cœur Immaculé de Marie, selon les recommandations du Pape Pie XII (qui, le 31 octobre précédent, avait consacré le monde au Cœur Immaculé de Marie, par obéissance à ce qu'il savait des demandes de Notre-Dame de Fatima).
[1] Père Gabriel Jacquier, Les Carnets noirs, Procure des religieux de St. Vincent de Paul, 75015 Paris, 1988. Nihil obstat et Imprimatur avril 1953.
[3] Père Gabriel Jacquier, L'ordre social chrétien, éditions du Lion, Lyon 1995 (première édition au "règne social de Marie", 29 rue de Lourmel, Paris, 1939)
Synthèse F. Breynaert
Pour aller plus loin : R. DOURY, Vie du r. p. Gabriel Jacquier des FF. de St-Vincent-de-Paul, Procure des F.F. de St-Vincent-de-Paul, [1958]