Saint Méliton fut évêque de Sardes en Lydie, au second siècle, sous les empereurs romains Antonin le Pieux († 161) et Marc-Aurèle († 180). Sa mort doit se placer avant 190.Il fut le premier Père de l’Église à se rendre en pèlerinage à Jérusalem, y faire des recherches sur la Bible. On conserve de lui une très belle homélie sur la Pâque, au cours de laquelle il compare la Vierge Marie à une « belle agnelle ».
Méliton, évêque de Sardes en Asie mineure (IIès), fut très estimé de ses contemporains, comme étant un grand charismatique.
Parmi ses nombreuses œuvres, presque toutes perdues, subsiste une homélie sur la Pâque, très belle dans la forme, substantielle dans les contenus.
Cette homélie sur la Pâque fut prononcée vers 160-170, dans le cadre de la veillée pascale, l’unique fête annuelle à cette époque (avant le concile de Nicée) qui, selon la tradition asiatique, avait lieu le 14 Nisan ; durant cette veillée on lisait Exode12, c’est-à-dire le récit de l’institution de la fête juive de Pâques.
Au cours de l’homélie[1], Méliton mentionne quatre fois (§ 66.70.71.104) la Mère de Jésus, en mettant en évidence sa condition de Vierge, (§ 66. 70. 104), et en l’appelant « la belle (ou bonne - kalos en grec), agnelle » (§ 71).
« C’est lui qui en une Vierge fut incarné,
Qui sur le bois fut suspendu,
Qui en terre fut enseveli,
Qui d’entre les morts fut ressuscité,
Qui vers les hauteurs des cieux fut élevé.
C’est lui l’agneau sans voix,
C’est lui l’agneau égorgé,
C’est lui qui est né de Marie la bonne agnelle,
C’est lui qui fut pris du troupeau
Et à l’immolation fut traîné et le soir tué
Et de nuit enseveli,
Qui sur le bois ne fut pas broyé,
En terre ne fut pas corrompu,
Ressuscita des morts
Et ressuscita l’homme du fond du tombeau. »[2]
L’affirmation « lui qui en une Vierge fut incarné » répond à des motivations d’ordre doctrinal, mais le terme "Vierge" et surtout l’expression "la Vierge" désignent, en certains contextes, simplement et directement la mère du Seigneur et ont une nuance cultuelle. Ces expressions sont donc utilisées avec un sens de vénération et d’émerveillement devant le prodige de la maternité divine et virginale de Marie.
L’attention des historiens de la pitié mariale est surtout attirée par la phrase :
« C’est lui qui est né de Marie la bonne agnelle ».
Dans le cadre du commentaire de l’Exode 12, l’évêque de Sardes projette sur la Vierge les caractéristiques du Fils, "l’agneau pascal", agneau "sans défauts et sans tache"[3]. Elle est l’agnelle pure.
Méliton, en associant l'incarnation, la croix et la résurrection, suggère que Marie est celle par qui le Christ a pu souffrir et ressusciter parce que d'abord il est né d'elle, véritablement homme.
Méliton a eu l'intuition que la Vierge de l'Annonciation est déjà tendue vers l'oblation sacrificielle du Fils.
Méliton fait ensuite le lien avec la Pâque juive où les Hébreux immolaient l'agneau pascal et il montre le Christ comme le véritable agneau. Marie est appelée la bonne agnelle : la chair de l'agneau vient de l'agnelle. Marie est associée à la croix parce qu'elle a consenti au sacrifice.
Source:
-Bernard Pouderon. Les Apologistes grecs du IIès. Paris: Cerf, 2005. pp.227-240
[1] Méliton de Sardes, Sur la Pâque, n.70-71
[2] Méliton de Sardes, Sur la Pâque, n.70-71. Sources chrétiennes 123, Paris, Cerf, 1966, p.98-100
[3] 1 Pt 1,19; cfr. Ex 12,5.
-sur la Passion, dans l’Encyclopédie mariale
-sur Marie et Gethsémani (jardin des oliviers), dans l’Encyclopédie mariale
-sur L'Agneau, la Femme et l'Épouse de l'Agneau, dans l’Encyclopédie mariale
-sur Vatican II : La coopération de Marie, dans l’Encyclopédie mariale
I.Calabuig (+) Marianum, A.Gila et l’équipe de MDN.