Que sait-on de la tribu de Marie ? Le silence des évangiles sur ce point donne lieu à deux hypothèses, qu'il est possible d'unifier.
Le bibliste F. Manns [1] pense que Marie est de la tribu de David, comme Joseph, ses arguments sont fondés sur les règles de mariage : le mariage dans la même tribu correspond à la tradition des livres de Néhémie ou de Tobit. Marie peut se situer dans l’héritage du courant Isaïen et du livre de Ruth beaucoup moins strict à ce sujet ; le Seigneur peut continuer d’être compris comme fils de David par l’adoption de Joseph. Mais dans le cadre de cette hypothèse on comprend mal pourquoi Matthieu, qui cherche à montrer que Jésus est le fils de David, l’aurait caché. La réalité c’est que Jésus n’est pas un messie davidique au sens où on l’attendait, sa royauté est d’en haut.
Le père R.Laurentin, théologien et exégète marial[2], prend en considération le fait que Zacharie est prêtre (tribu de Lévi) et que son épouse Élisabeth est appelée par saint Luc la « parente » de Marie. Il pense donc que Marie est de la tribu de Lévi, comme Élisabeth sa parente, ce qui permet au Christ d’être le Messie d’Israël (par Joseph) et le Messie d’Aaron (par Marie), répondant à l’attente attestée à Qumrân.
Pourquoi ne pas envisager pour satisfaire tous ces arguments un mariage mixte entre les tribus de Lévi et de David au niveau des parents de la Vierge et non pas entre Joseph et Marie : le père de la Vierge serait de race davidique et sa mère descendante d’Aaron ? On aurait alors une triple cohérence :
Quelle que soit l’hypothèse retenue, on peut dire que Marie, tout en étant de Nazareth -une très humble bourgade- a reçu beaucoup de richesses spirituelles transmises par son milieu familial (si ce n’est du temple comme le dit l’apocryphe de Jacques), elle est donc humainement préparée à sa mission d’éducatrice.
Source :
Françoise Breynaert, À l'écoute de Marie, Brive 2007 (diffusion Mediapaul), tome I.
[1] Frédéric MANNS, Marie de la lignée de David, Dans La Terre, Janvier-Février 1991, pp 107-112 Règle de la Communauté 9,11 et Document de Damas 12,23
[2] R. LAURENTIN, Singularité significative des textes sur la virginité de Marie et leur omniprésence dans le nouveau testament, pp 35-51 dans les Actes du congrès d’Issoudun 1997 sur la virginité de Marie, Bulletin de la société française d’études mariales, Médiaspaul, 1998. p. 37 et la note 5.
-sur Anne et Joachim, les parents et la conception de Marie, dans l’Encyclopédie mariale
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