L’événement de l'Annonciation a été décrit dans l'évangile de saint Luc 1, 24-38. Les textes des offices approfondissent sa portée théologique. Ce sont moins les éléments tirés des apocryphes qui sont utilisés que les textes de l'Ancien Testament, dont le sens symbolique a été une source d'inspiration pour les Pères de l'Église et les poètes liturgiques.
Les lectures se trouvent dans l'office des vêpres du 25 mars. Elles sont au nombre de cinq, ce qui montre l’importance de cette fête dans l’Église byzantine
1. La première lecture est un texte du livre de la Genèse (Gn 28, 10-17) et décrit la vision de Jacob: "voilà qu'une échelle était plantée en terre et que son sommet atteignait le ciel et des anges de Dieu y montaient et descendaient". Dans les versets des vêpres, cette échelle est interprétée comme le symbole de la Mère de Dieu: "Salut viaduc menant vers les cieux et échelle y conduisant que Jacob contemple" (stichère des lucernaires de l'Annonciation).
2. La deuxième lecture est un texte du livre du prophète Ézéchiel (43, 27 - 44, 5) Le Seigneur lui fait contempler le temple de la Jérusalem céleste et le conduit vers la porte qui garde l'Orient et par laquelle l'Emmanuel entrera. Mais pour Ézéchiel cette porte restera fermée. Elle s'ouvrira ce jour de l'Annonciation où Dieu fait son entrée dans l'humanité:
"Tu apparus comme la porte de la vie au prophète Ézéchiel, que seul le Seigneur incarné franchit, ô Vierge, et il te garde fermée, ô Pure" (6e ton du vendredi, 2e canon, 3).
3. La troisième lecture, des Proverbes (Prov. 9, 1-11) compare Marie à la maison que la Sagesse Divine s'est construite.
4. La quatrième lecture (Exode 3, 1-6) est le texte du buisson ardent. Moïse reçoit, sur le mont Horeb, reçoit la révélation du Dieu vivant dans le buisson qui brûle mais ne se consume pas. La liturgie y voit le symbole de la conception et de la naissance virginale de Jésus. De même que le feu divin ne détruit pas la vie végétale du buisson, de même la présence de la divinité ne touche pas la nature humaine de Marie, mais la sanctifie pour qu'elle devienne source de Lumière.
5. La cinquième lecture (Proverbes 8, 22-30) décrit le rôle de la Sagesse depuis la création du monde. Marie est le temple de la Sagesse incarnée, intimement liée à Lui par tout son être.
Apostiches :
« En ce jour, c’est l’heureuse annonce de la Joie, c’est la fête de la Vierge ;
Le monde d’ici bas s’accorde aux choses d’en haut ;
Adam est renouvelé, Ève délivrée de sa première affliction,
Et le tabernacle de notre humaine condition devient le temple de notre Dieu
Par divinisation de la nature assumée.
Mystère que la façon dont s’abaisse le Seigneur, Merveille que le mode inouï de sa conception !
Et du miracle un ange se fait le serviteur ;
Le sein d’une Vierge reçoit le Fils par l’envoi de l’Esprit divin, et d’en haut le Père exprime sa bienveillance ; L’union s’accomplit en la commune volonté ;
En lui et par lui nous voilà sauvés ;
Unissons donc nos voix à celle de Gabriel et crions à la Vierge :
Réjouis-toi, Pleine de grâce de qui nous vient le Salut, le Christ notre Dieu, car il a pris notre nature pour l’élever jusqu’à lui.
Intercède auprès de lui pour qu’il sauve nos âmes. »
Tropaire (= Apolitikion) :
« Aujourd’hui, c’est l’aurore de notre salut, où se manifeste le mystère éternel : le Fils de Dieu devient Fils de la Vierge, et Gabriel annonce cette grâce. Avec l’ange disons donc à la Mère de Dieu : Réjouis-toi, Pleine de grâce, le Seigneur est avec toi. »
Kondakion :
« Que retentissent nos accents de victoires en ton honneur, invincible Reine, Toi qui sauves des périls du combat, Mère de Dieu, Vierge souveraine !
Vers toi montent nos louanges, nos chants d’action de grâce.
De ton bras puissant dresse autour de nous le plus solide des remparts,
Sauve-nous de tout danger, hâte-toi de secourir les fidèles qui te chantent : Réjouis-toi, Épouse inépousée. »
Parmi les homélies de la fête célèbres dans l’Église byzantine, retenons celles de st Athanase d’Antioche (vers 600), saint Germain de Constantinople, André de Crète, Photius…
Source : Guillaume Denis, Le Spoutnik : Nouveau Synecdimos, Diaconie Apostolique, Parme 1997 ; Paris 2001, p. 925
-sur la signification de la liturgie byzantine du 25 mars, dans l’Encyclopédie mariale
-sur les premières homélies du 25 mars (Annonciation), dans l’Encyclopédie mariale
-sur les premiers hymnes liturgiques du 25 mars en Orient, dans l’Encyclopédie mariale
-sur l’Annonciation dans les liturgies d’Orient et d’Occident, dans l’Encyclopédie mariale
-sur l’Annonciation, dans l’Encyclopédie mariale
-pour entendre un extrait de la liturgie de l’Annonciation, en ligne
Françoise Breynaert et l’équipe de MDN.