Une rencontre qui guérit, sauve et transforme

La prière est une rencontre qui guérit, sauve et transforme.

A l'aube des temps évangéliques, Marie porte en elle le Verbe de Dieu fait homme, elle est le "tabernacle vivant de la Divinité, où la Sagesse éternelle cachée veut être adorée des anges et des hommes"[1]. Elle va chez sa parente Elisabeth et la rencontre entre ces deux femmes est une véritable Pentecôte d'Amour pour Elisabeth et pour l'enfant qu'elle porte en elle depuis six mois.

A notre époque, la rencontre avec Dieu a transformé la vie de Paul, d'Augustin, de Charles de Foucauld.

Ce n'est pas Dieu qui a changé à leur égard.

C'est la connaissance, l'expérimentation de l'amour surabondant de Dieu qui les a transformés.

Il nous est possible de « favoriser » cette rencontre.

Thérèse de Lisieux affirme qu'il suffit de « prendre Dieu par le cœur[2]. Elle a expérimenté et enseigné par toute sa vie, comment attirer Dieu et, en quelque sorte, l'amener[3] à venir jusqu'à elle..., et donc jusqu'à moi : en lui présentant ce qu'il y a en moi de plus fragile, de plus blessé et malade. Car les entrailles divines frémissent devant ma détresse, et Dieu descend. Le Christ se fait tout proche de moi, pour me consoler et me libérer parce qu'il m'aime. Il ne peut pas, répète Thérèse, résister à un tout-petit. A ce dernier appartient le Royaume de Dieu (Mt 18, 3).

Un grand ami de Thérèse, déclaré vénérable, le Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus, parlait de ces « failles, » comme des « béances » offertes à la Miséricorde, permettant à Dieu de donner toute sa mesure d'Amour. Ce Carme connaissait les lois de la vie spirituelle. Il fut aussi un des pionniers de l'apport des sciences humaines, pour mieux devenir intelligent de l'œuvre de Dieu et de l'œuvre de l'homme[4].

J'expérimente alors que Dieu, bouleversé par ma souffrance ne veut pas m'aider comme de « loin ». Il prend un corps semblable au mien pour être humainement près de moi, souffrir avec moi afin que je ne sois plus jamais seul(e).

Le Christ souffre avec moi quand je suis persécuté(e). Et quand je fais souffrir à mon tour, il continue pourtant de m'aimer. Je suis consolé(e) et libéré(e) en prenant conscience de ce que le Christ vit sur la croix, avec moi quand je souffre, et pour moi quand je fais souffrir.

C'est par ses blessures que nous sommes guéris (Is 53, 5).

Cette rencontre bouleversante avec le Christ triomphant de l'Accusateur (Satan), provoque une véritable libération intérieure, c'est-à-dire une transformation profonde de ce que vous avez été et de ce que vous êtes encore aujourd'hui. Jésus sait où vous avez mal et pourquoi vous souffrez. Jésus sait comment vous avez fait souffrir et comment il peut reprendre la situation en main. Et il peut consoler l'une et l'autre de ses peines.

En m'ouvrant à la contrition, il m'apprend à renoncer enfin de battre ma coulpe sur la poitrine de mon prochain, conscient toujours plus de mes capacités de pécher : « Seigneur préserve-moi du péché mortel. » Il me conduit aussi sur le chemin de l'intercession pour tous les autres, ceux qui n'ont pas la foi et même ceux qui persécutent. Chaque jour, il rend vivante cette prière qui résume bien l'alliance : « Seigneur, fais que je renonce au mal et que je persévère dans le bien. »


[1] Saint Louis-Marie Grignon de Montfort, Traité de la Vraie Dévotion § 224

[2] Thérèse de Lisieux, Correspondance générale, LT 191, 19, nouvelle édition du centenaire, Editions du Cerf-DDB, 1992, p. 865.

[3] Thérèse de Lisieux, Correspondance générale, LT 241, nouvelle édition du centenaire, Editions du Cerf-DDB, 1992, p. 1006.

[4] Cf. Père Marie Eugène de l'Enfant Jésus, Je veux voir Dieu, Editions du Carmel, 1956


Père Jean Louis Barré, marianiste