« Heureux les miséricordieux parce qu'ils trouveront miséricorde ! » (Mt 5,7)
(Mot à mot : « Heureux ceux qui aiment avec miséricorde ») Mgr Amato explique comment cette béatitude concerne particulièrement Marie.
Les miséricordieux sont les personnes qui ont un cœur si vivant, que devant ceux qui ont besoin d'une aide, leur cœur sent le malheur et agit pour y porter remède[1].
Le Magnificat de Marie est le premier hymne à la miséricorde de Dieu, qui de génération en génération s'étend sur ceux qui le craignent (cf. Lc 1,50). En visitant Marie, Dieu « a secouru Israël son serviteur, se souvenant de sa miséricorde » (Lc 1,54).
L'intervention miséricordieuse de Dieu vis-à-vis de son peuple s'accomplit en Marie avec la naissance de Jésus, qui est donc la miséricorde incarnée du Père.
La prédication de Jésus est donc l'annonce du Père, riche de miséricorde. En témoigne l’expression la parabole du fils prodigue :
« Comme il était encore loin, son père le vit et fut ému de compassion, il courut se jeter à son cou et le baisa. »(Lc 15,20)
Jésus a indiqué dans la miséricorde une attitude clé du chrétien, ou mieux une "Béatitude": "Heureux les miséricordieux, parce qu'ils trouveront miséricorde" (Mt 5,7). La miséricorde est l’attitude qui caractérise le plus l'homme comme image de Dieu et comme disciple et imitateur de Jésus « doux et humble de cœur » (Mt 11,29).
L'homme miséricordieux est celui qui possède le vrai savoir:
« La sagesse d'en haut est premièrement pure, ensuite pacifique, modérée, conciliante, pleine de miséricorde et de bons fruits, exempte de duplicité, d'hypocrisie. »(Jc 3,17)
Le 17 août 2002, à Cracovie, le Saint-Père Jean-Paul II exhortait à être témoins de la miséricorde :
« Il faut faire résonner le message de l'amour miséricordieux avec une nouvelle vigueur. Le monde a besoin de cet amour. L'heure est arrivée où le message de la Divine Miséricorde déverse dans les cœurs l'espérance, et celle-ci devient l’étincelle d'une nouvelle civilisation, de la civilisation de l'amour (…). Soyez témoin de la miséricorde. » [2]
Rendre ce témoignage plus qu’une tâche humaine est un don de la grâce. C’est pourquoi le Saint-Père a fondé, à partir de du Grand Jubilé de l’an 2000, le Dimanche de la Divine Miséricorde, deuxième dimanche de Pâques. En effet, c’est dans le mystère pascal de Jésus qu’est la source de notre attitude de miséricorde et de pardon :
« Le Christ de Pâques est l'incarnation définitive de la miséricorde, son signe vivant: signe du salut à la fois historique et eschatologique. Dans le même esprit, la liturgie du temps pascal met sur nos lèvres les paroles du Psaume: Misericordias Domini in aeternum cantabo, Je chanterai sans fin les miséricordes du Seigneur (Ps 89,2)»[3]
Une messe votive relative à Marie reine et mère de la miséricorde.
L’une des plus anciennes oraisons mariales contient une invocation à la miséricorde maternelle de la Vierge:
« Sous ta miséricorde nous nous réfugions » (III° siècle).
La traduction latine "sub tuum praesidium" (= sous ta protection), ne rend pas exactement le grec "eusplanchnia" (miséricorde).
À Constantinople, dans son hymne de Noël, Romain le Mélode, VI° siècle, décrit l'attitude miséricordieuse de Marie vis-à-vis d'Adam et Ève, attristé pour leur situation misérable :
« Mettez fin à vos plaintes, je me ferai votre avocate auprès de mon Fils […], j'ai un Fils miséricordieux et très compatissant. » [4]
L’antienne mariale « Salve Regina » appelle Marie « mère de miséricorde ». Cette attitude mariale a été interprétée dans l’art par le symbole du manteau qui protège un groupe de fidèles (tradition occidentale), ou bien une ville entière (tradition orientale).
En Éthiopie on fête le "Pacte de miséricorde", établi entre Jésus et Marie pour sauver les pécheurs qui se confient à elle.
Marie, la Mère de la miséricorde devient notre maître incomparable en cette difficile charité envers le prochain. C’est pourquoi la prière liturgique de l'Église, dans le Collectio Missarum de 1987, a opportunément inséré une messe votive relative à Marie reine et mère de la miséricorde.
Source :
-Mgr Angelo Amato, “Beati i misericordiosi, perché troveranno misericordia” (Mt5,7)in : Santa Maria “Regina Martyrum” Quaderno di spiritualità dell’ordine dei Frati servi di Maria Provincia di Piemonte e Romagna,
Anno V – N. 3 (15) – 2002, p.4-11
[1] Mgr Alichoran, L'évangile en araméen, Abbaye de Bellefontaine 2002, p. 99
[2] L’Osservatore Romano”, n.189, 17-18 agosto 2002, p.7.
[3] Jean-Paul II, Lettre. Encycl. Dives in misericordia, n 8 Collectio Missarum, ll. 39
[4] Testi Mariani del Primo Millennio. 1. Padri e altri autori greci, Città Nuova, Roma 1988, p. 711.
-sur Marie et les béatitudes, dans l’Encyclopédie mariale
-sur Marie et la divine miséricorde (magistère), dans l’Encyclopédie mariale
-sur Prière à Marie, Reine de miséricorde (A. de Liguori) dans l’Encyclopédie mariale
-sur Marie et la divine miséricorde (magistère), dans l’Encyclopédie mariale
-sur le Salve Regina, dans l’Encyclopédie mariale
-sur La miséricorde de Marie selon saint Bernard (1090-1153), dans l’Encyclopédie mariale
-sur L'Incarnation, acte de la miséricorde divine, dans l’Encyclopédie mariale