Mieux qu'un enseignement théorique, les sacrifices et les prières de Nathalie Mukamazimpaka nous enseignent sur le sens chrétien de la souffrance, et nous disent quelque chose sur notre coopération à la rédemption, à l'école de Marie.
-1- Nathalie a expérimenté une maladie des yeux, des maux de tête, la jaunisse...[1]
-2- Elle avait été la seule à Gisizi à avoir réussi l'examen d'Etat clôturant l'école primaire, et la première, da s l'histoire de sa famille, à avoir commencé l'école secondaire. Et cette élève douée, ambitieuse et studieuse a été invitée à renoncer à l'école, par amour, donc aussi par expiation[2].
-3- Les valeurs africaines sont celle d'une civilisation de relation, où, même dans un passé récent, le fait d'être à l'extérieur du groupe équivalait à une condamnation à mort. La position de la personne s'exprime par sa présence dans une communauté. A Nathalie, il fut demandé de rester à Kibeho, loin de sa famille. Cette solitude représentait le naufrage de l'héritage dans lequel elle était née, avait grandi et se sentait en sécurité[3]. Ce sacrifice ne représente pas un reniement des valeurs de la « civilisation de relation », mais un dépassement pour une liberté intérieure plus grande au service d'une mission intercommunautaire et universelle.
-4- Le 6 juillet 1982, Nathalie a reçu de Marie un programme de prières nocturnes, afin qu'elle se mortifie et prie pour le Salut du monde dans le froid, la pluie fréquente, la menace d'un animal sauvage... Ces sorties ont duré environ un an, jusqu'à environ juillet 1983, une fois par semaine en moyenne[4]. (Alphonsine aussi a dû pratiquer des prières nocturnes). C'est une rude école de prière et de confiance, c'est aussi un trésor spirituel pour tout le peuple rwandais qui dix ans plus tard traversera bien des frayeurs...
-5- Nathalie a pratiqué un jeûne durant deux semaines : du 16 février 1983 jusqu'au 2 mars 1983, sans manger ni boire, à l'exception d'un tiers de verre d'eau par jour à partir du 26 février jusqu'au 2 mars. « En parlant de son jeûne, Nathalie a dit "J'avais beaucoup de plaies dans la bouche et dans la gorge, ma voix ne sortait pas comme d'habitude, et je prenais une goutte d'eau bénite [provenant des apparitions à Kibeho et gardée dans une statuette] de Notre Dame de Lourdes". [...] Après huit jours de jeûne, elle a également eu une vision de Satan, qui lui a rendu visite sous la forme d'un jeune homme venant avec un plateau plein de bananes, une omelette et un gâteau. Il lui a dit : "je t'amène de la nourriture car tu vas mourir avant de terminer ta mission". Nathalie lui a lancé de l'eau bénite en disant "sois vaincu par la Vierge Marie". Il a alors disparu avec tout ce qu'il avait amené.»[5] A la fin du jeûne, certaines personnes se déclarant voyants ont avoué des fantasmes et mensonges et ont demandé pardon[6].
-6- Le 26 mars 1983, la Vierge Marie demande aussi à Nathalie de prier pour les âmes du purgatoire. Nathalie fait remarquer qu'elle a déjà tellement d'intentions pour les vivants... La Vierge explique que cette prière pour les âmes du purgatoire, bien qu'elle soit plus difficile, était nécessaire aussi, et que les âmes du purgatoire attendait son aide[7].
[1] Andrzej JAKACKI, SAC, Apparitions de la « Mère du Verbe » à Kibého. Pallotti-Presse, Kigali 2013, p. 82
[2] Père Andrzej JAKACKI, Ibid., p. 315
[3] Père Andrzej JAKACKI, Ibid., p. 315-316
[4] Cf. A. MISAGO, Les apparitions de Kibeho au Rwanda, Kinshasa 1991, p. 183-184
[5] Notes de N. Mukamazimpaka, p. 12.
[6] Père Andrzej JAKACKI, Ibid., p. 94
[7] Cf. A. MISAGO, Les apparitions de Kibeho au Rwanda, Kinshasa 1991, p. 412
Synthèse Françoise Breynaert
Les apparitions de Kibeho ont été reconnues en 2001
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