Lorsque le Christ dit lui-même au sujet du pain : « Ceci est mon corps », qui pourrait hésiter ? Et quand il affirme: « Ceci est mon sang », qui pourrait douter ?
Jadis à Cana de Galilée [Jn 2]*, Jésus a transformé l'eau en vin -- le vin frère du sang. Qui maintenant refuserait de croire quand il transforme le vin en sang ? Invité à un mariage d'ici-bas, il a opéré ce miracle étonnant ; à plus forte raison, comment refuser de reconnaître qu'il accorde aux « compagnons de l'époux » (Mt 9,15) la joie de son Corps et de son Sang ?
Car son corps t'est donné sous l'apparence du pain et son sang sous l'apparence du vin afin qu'ayant participé au corps et au sang du Christ, tu sois avec lui un même corps et un même sang. Ainsi devenons-nous des « porte-Christ » [Christophe]. Son corps et son sang se répandant dans nos membres ; voilà comment nous devenons participants de la nature divine. Jadis, s'entretenant avec les juifs, le Christ disait : « Si vous ne mangez pas ma chair et ne buvez pas mon sang, vous n'aurez pas la vie en vous » (Jn 6,54). Si le pain et le vin te semblent purement naturels, ne t'y arrête pas... Si tes sens te fourvoient, que la foi te rassure.
Quand donc tu t'approches pour le recevoir, ne t'avance pas sans respect, en étendant les paumes des mains, les doigts écartés. Mais puisque sur ta main droite va reposer le Roi, fais-lui un trône de ta main gauche, et dans le creux de ta main reçois le Corps du Christ et réponds : Amen !
* Jn 2 : les noces de Cana, où la mère de Jésus était là.
2195">Saint Cyrille de Jérusalem (313-350),évêque de Jérusalem, docteur de l'Église
Catéchèses baptismales, 22
(trad. Edition du Soleil Levant 1962, p. 471)