Une prise de conscience fondatrice.
John-Henry avait entendu le catéchisme, mais à l'âge de quatorze ans, il trouve son plaisir à lire des objections contre la foi. Or, l'année de ses quinze ans, en octobre 1816, John-Henri Newman fit une expérience fondatrice, une lumière intérieure. Voici ce qu'il en dit :
« Mon esprit ressentit l'impression de ce qu'était le dogme [...] [Cette croyance] m'isola des objets qui m'entouraient ; elle me confirma dans la défiance que j'avais touchant la réalité des phénomènes matériels ; et elle concentra toutes mes pensées sur les deux êtres, et les deux êtres seulement dont l'évidence était absolue et lumineuse : moi-même et mon Créateur »[1]
Le cardinal Newman commente Darwin :
L'époque de Newman fut aussi celle de Darwin et de son livre L'évolution des espèces en 1858. Voici comment Newman a réagi :
« Il ne me semble pas que la création soit niée parce que le Créateur, il y a des millions d'années, a donné des lois à la matière. Il a créé d'abord la matière et ensuite il a créé des lois pour elle, lois qui doivent la révéler dans sa merveilleuse beauté présente et la constituer graduellement dans la cohésion et l'harmonie de ses parties. [...] A première vue, je ne vois pas que l'évolution accidentelle des êtres vivants soit incompatible avec le dessein de Dieu. Elle est accidentelle pour nous, pas pour Dieu. »[2]
Pour Newman, la création conduit à la prière, plus qu'à une démonstration :
« Je crois au design parce que je crois en Dieu, je ne crois pas en Dieu parce que je vois le design [...] Le design m'enseigne la puissance, l'habileté, la bonté, mais pas la sainteté, le pardon, le jugement futur qui sont tous les trois l'essence de la religion. »[3]
Pour Newman, la création est une œuvre de la condescendance de Dieu, qui pouvait continuer de vivre « seul » :
« C'est là une pensée qui nous confond ! Il y eut un état de choses où Dieu était seul, et où rien n'existait que lui seul. Il n'y avait ni terre ni ciel, ni soleil, ni étoiles, ni espaces, ni temps, ni êtres d'aucune espèces, no hommes, ni anges, ni séraphins. Le trône de Dieu était sans ministres. L'Etre suprême n'était servi par personne ; tout était silence et repos ; Dieu seul était. »[4]
« Dieu est réellement incompréhensible. Lui seul. Il a vécu une éternité dans l'isolement, sans être fatigué de cette solitude. » [5]
« Dieu n'est pas solitaire [...] Son Fils bien-aimé a toujours existé avec lui... »[6]
[1] J-H. Newman, Apologia pro vita sua ou Histoire de mes opinions religieuses, publié par Newman en 1864. Traduction française éditions Desclée de Bourwer, Paris 1964, p. 110-111
[2] J-H. Newman, Lettre au chanoine Walker, du 22 mai 1868
[3] J-H. Newman, Lettre à W.R. Brownlow du 13 août 1870
[4] J-H. Newman, Conférences aux catholiques et aux protestants, Sagnier et Bray, 1850 ; Lectures XIV, p. 338
[5] J-H. Newman, Conférences aux catholiques et aux protestants, Sagnier et Bray, 1850 ; Lectures XIV, p. 340
[6] J-H. Newman, Sermon du 5 mars 1835 (PPS III, 10)
Synthèse F.Breynaert
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