Saint Thomas détaille très longuement comment définir les relations entre les personnes divines et leur unité. Voici quelques-unes de ses réflexions.
Notre langage s'inspire du langage courant.
« Notre intellect ne nomme pas les choses divines selon leur mode à elles, faute de pouvoir les connaître ainsi; il les nomme selon le mode rencontré dans les créatures. »
(Somme Théologique, I Qu.39 a.2, r)
Trois personnes, une seule essence, une même nature (terme homoousion en grec) :
« Il est exact que l'expression "trois Personnes d'une seule essence" ne se trouve pas textuellement dans l'Écriture. Cependant, on y trouve bien ce qu'elle signifie, par exemple en ce passage (Jn 10,30): "Mon Père et moi sommes un"; et dans cet autre (Jn 10,38; 14,10): "Je suis dans mon Père, et mon Père est en moi." Beaucoup d'autres passages pourraient être allégués.»
(Somme Théologique, I Qu.39 a.2, s 2)
« La nature désigne le principe d'action, mais "l'essence" se rapporte à l'être. Aussi, quand nous parlons de choses qui ont en commun une même action, par exemple de tout ce qui échauffe, on peut dire qu'elles sont de même nature, mais on ne peut dire qu'elles sont d'une seule essence que si c'est leur être qui est un. Donc, en disant que les trois Personnes ont la même essence, on exprime mieux l'unité divine qu'en disant "la même nature".»
(Somme Théologique, I Qu.39 a.2, s 3)
La Trinité et nous (les missions divines).
[A l'égard des créatures (à notre égard), on ne dit pas que le Père a une mission (il n'est pas envoyé), le Fils et le Saint Esprit ont une mission spécifique, et cependant, les trois personnes demeurent unies :]
« Par la grâce sanctifiante, c'est toute la Trinité qui habite l'âme, selon ce qui est écrit en S. Jean (Jn 14,23): "Nous viendrons à lui et nous ferons en lui notre demeure."
Or, dire qu'une Personne divine est envoyée à quelqu'un par la grâce invisible, c'est signifier un mode nouveau d'habitation de cette Personne, et l'origine qu'elle tient d'une autre. Puisque ces deux conditions: habiter l'âme par la grâce, et procéder d'un autre, conviennent également au Fils et au Saint-Esprit, concluons qu'il convient à tous deux d'être envoyés invisiblement. Quant au Père, il lui appartient sans doute d'habiter l'âme par la grâce, mais non pas d'être d'un autre, ni par suite d'être envoyé. »
(Somme Théologique, I Qu.43 a.5, r)
« La grâce rend l'âme conforme à Dieu. Aussi pour qu'il y ait mission d'une Personne divine à l'âme par la grâce, il faut que l'âme soit conforme ou assimilée à cette personne par quelque don de grâce.
Or le Saint-Esprit est l'Amour; c'est donc le don de la charité qui assimile l'âme au Saint-Esprit, et c'est en raison de la charité que l'on considère une mission du Saint-Esprit.
Le Fils, lui, est le Verbe et non pas un verbe quelconque, mais celui qui inspire l'Amour. "Le Verbe que nous cherchons à faire entendre, dit S. Augustin, est une connaissance pleine d'amour". »
(Somme Théologique, I Qu.43 a.5, s 2)
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Extraits présentés par F. Breynaert