Les Dons du Saint-Esprit sont sept énergies qu'il daigne déposer dans nos âmes, lorsqu'il y pénètre par la grâce sanctifiante.
Les grâces actuelles mettent en mouvement simultanément ou séparément ces puissances divinement infuses en nous, et le bien surnaturel et méritoire de la vie éternelle est produit avec l'acquiescement de notre volonté.
Le prophète Isaïe, conduit par l'inspiration divine, nous a fait connaître ces sept Dons dans le passage où, décrivant l'opération de l'Esprit-Saint sur l'âme du Fils de Dieu fait homme, qu'il nous représente comme la fleur sortie de la branche virginale issue du tronc de Jessé, il nous dit:
« Sur lui reposera l'Esprit du Seigneur,
- l'Esprit de Sagesse et
- d'Intelligence,
- l'Esprit de Conseil et
- de Force,
- l'Esprit de Science et
- de Piété; et
- l'Esprit de Crainte du Seigneur le remplira » Isaïe XI, 2,3.
Rien de plus mystérieux que ces paroles; mais on sent que ce qu'elles expriment n'est pas une simple énumération des caractères du divin Esprit, mais bien la description des effets qu'il opère dans l'âme humaine. Ainsi l'a compris la tradition chrétienne énoncée dans les écrits des anciens Pères, et formulée par la théologie.
Les dons du Saint Esprit sonr des énergies divines préparées pour la sanctification de l'homme régénéré
L'humanité du Fils de Dieu incarné est le type surnaturel de la nôtre, et ce que l'Esprit-Saint a opéré en elle pour la sanctifier doit en proportion avoir lieu en nous. Il a déposé dans le fils de Marie les sept énergies que décrit le Prophète; les mêmes dons sont préparés à l'homme régénéré.
On doit remarquer la progression qui se manifeste dans leur série.
Isaïe énonce d'abord l'Esprit de Sagesse, et s'arrête en descendant à l'Esprit de Crainte de Dieu. La Sagesse est en effet, ainsi que nous le verrons, la plus haute des prérogatives à laquelle puisse être élevée l'âme humaine, tandis que la Crainte de Dieu, selon la profonde expression du Psalmiste, n'est que le commencement et l'ébauche de cette divine qualité.
On comprend aisément que l'âme de Jésus appelée à contracter l'union personnelle avec le Verbe ait été traitée avec une dignité particulière, en sorte que le Don de la Sagesse ait dû être infus en elle d'une manière primordiale, et que le Don de la Crainte de Dieu, qualité nécessaire à une nature créée, n'ait été mis en elle que comme un complément.
Pour nous au contraire, fragiles et inconstants que nous sommes, la Crainte de Dieu est la base de tout l'édifice, et c'est par elle que nous nous élevons de degré en degré jusqu'à cette Sagesse qui unit à Dieu.
C'est donc dans l'ordre inverse à celui qu'a posé Isaïe pour le Fils de Dieu incarné, que l'homme monte à la perfection au moyen des Dons de l'Esprit-Saint qui lui ont été conférés dans le Baptême, et qui lui sont rendus dans le sacrement de la réconciliation, s'il a eu le malheur de perdre la grâce sanctifiante par le péché mortel.
Admirons avec un profond respect l'auguste septénaire qui se trouve empreint dans toute l'œuvre de notre salut et de notre sanctification.
Sept vertus rendent l'âme agréable à Dieu ; par ses sept Dons, l'Esprit-Saint la conduit à sa fin; sept Sacrements lui communiquent les fruits de l'incarnation et de la rédemption de Jésus-Christ; enfin, c'est après sept semaines écoulées depuis la Pâque, que l'Esprit est envoyé sur la terre pour y établir et y consolider le règne de Dieu.
Nous ne nous étonnerons pas après cela que Satan ait cherché à parodier sacrilègement l'œuvre divine, en lui opposant l'affreux septénaire des péchés capitaux, par lesquels il s'efforce de perdre l'homme que Dieu veut sauver.