Au pied de la Croix, sur le Golgotha, « le disciple accueillit chez lui » Marie que le Christ lui avait désignée par les paroles : « Voici ta mère ». L'enseignement du Concile montre que l'Église entière « accueillit Marie chez elle », que le mystère de cette Vierge-Mère appartient profondément au mystère de l'Église, à sa réalité intime. [...]
Il vaut la peine de se remettre en mémoire ces expressions bibliques afin que la vérité de la maternité de l'Église, à l'exemple de la Mère de Dieu, devienne plus proche de notre conscience sacerdotale.
Et si chacun de nous vit cette maternité spirituelle plutôt en homme comme une « paternité dans l'Esprit », Marie, comme « figure » de l'Église, a son rôle dans cette expérience. Les textes cités montrent à quelle profondeur ce rôle s'inscrit au centre même de notre ministère sacerdotal et pastoral.
L'analogie de Paul sur « l'enfantement dans la douleur » n'est-elle pas proche de ce que nous vivons en de nombreuses situations où, nous aussi, nous sommes engagés dans le processus spirituel de la « génération » et de la « régénération » de l'homme grâce à l'Esprit qui donne la vie ? Sur ce thème, ce sont les confesseurs, - et ils ne sont pas les seuls -, qui vivent les expériences les plus fortes dans les parties du monde les plus diverses.
A l'occasion du Jeudi-Saint, il faut approfondir encore cette vérité mystérieuse de notre vocation : la « paternité dans l'esprit » qui, humainement, a une similitude avec la maternité. Du reste, Dieu Créateur et Père ne fait-il pas lui-même la comparaison entre son amour et celui des mères humaines (cf. Is 49, 15 ; 66, 13) ? Il s'agit donc d'un trait caractéristique de notre personnalité sacerdotale qui exprime précisément la maturité apostolique et la fécondité spirituelle.
Si toute l'Église « apprend de Marie ce qu'est la propre maternité »[1], ne devons-nous pas le faire nous aussi ? Il faut donc que chacun de nous « l'accueille chez lui » comme l'apôtre Jean l'accueillit sur le Golgotha, c'est-à-dire que chacun de nous permette à Marie de prendre demeure « dans la maison » de son sacerdoce sacramentel, comme mère et médiatrice de ce « grand mystère» (cf. Ep 5, 32) que nous désirons tous servir par notre vie.
[1] Jean Paul II, Lettre encyclique Redemptoris Mater 43
fglossaire_list%5Baction%5D=details&tx_ifglossaire_list%5Bcontroller%5D=Glossaire" title="Disciple puis apôtre du Seigneur Jésus, il est témoin de sa transfigurat..." class="definition_texte">Jean Paul II, Lettre aux Prêtres, jeudi saint 1988