La naissance de Jésus est parfois décrite comme le passage de la lumière du soleil à travers une vitre. Nous retrouvons ce type de description :
- Dans le récit apocryphe du Protévangile :
« une grande lumière resplendit à l'intérieur [...] et peu à peu cette lumière se mit à se retirer jusqu'à ce qu'apparut un petit enfant »[1].
- Chez Marie d'Agreda (1602-1665): « il ne fit que passer sans aucune altération matérielle à travers les parois du tabernacle immaculé, comme les rayons du soleil pénètrent une glace de cristal sans l'ébrécher, et la rendent plus belle et plus éclatante »[2].
- Chez Anne-Catherine Emmerich (1774-1824), Marie s'élève de terre, et de là-haut, elle voit Jésus couché dans la crèche rayonnant de lumière[3].
- Chez Maria Valtorta (1897-1961), la lumière fait rayonner le corps de Marie et éblouit Maria Valtorta. Quand la lumière devient supportable, la voyante voit Marie avec l'enfant dans les bras[4].
- Dans la poésie populaire portugaise[5] (etc.):
Dans le sein de la Vierge Mère
S'est incarnée la divine grâce.
En elle elle est entrée et d'elle elle est sortie
Comme par la vitre du soleil.
No seio da Virgem-Mâe
Encarnou divina graça
Entrou e saiu por ela
Como o sol pela vidraça
Comme le fait remarquer R.Laurentin[6], ces descriptions respectent le dogme de l'enfantement virginal, mais elles négligent ou diminuent l'humilité de l'Incarnation telle que nous l'indique Luc : « Elle enfanta son fils premier-né, elle l'emmaillota et le coucha dans une mangeoire » (Lc 2, 7).
Il y a bien trois actes à l'actif de Marie (enfanter, emmailloter, coucher). Dans l'Evangile, la lumière et la gloire de Dieu viennent envelopper les bergers mais n'enveloppent, n'illuminent et ne transfigurent ni Marie ni la grotte.
C'est pourquoi le concile Vatican II dit simplement de manière très sobre que "la naissance était non la perte mais la consécration de son intégrité virginale." (Lumen gentium 57)
[1] Protévangile de Jacques § 19, 1.
[2] Marie d'Agréda, La cité mystique de Dieu (première édition espagnole en 1670) Téqui, Paris 2000, Livre IV, p. 314-315
[3] Anne Catherine Emmerich, La vie de la Vierge Marie, Presses de la Renaissance, 2006, p. 146
[4] Maria Valtorta, L'Evangile tel qu'il m'a été révélé, Centro Editoriale Valtortiano, 1985, t I, p. 170-171.
[5] Augusto Pires de Lima, A poesia religiosa na literatura portuguesa, Porto, 1942, p. 167. Cité dans : « Notre Dame dans la Littérature portugaise » par Marie Dulce Leao, r.s.d., dans Hubert du Manoir, Maria, tome 2, Beauchêne, Paris 1952, p. 247
[6] R. Laurentin, F-M. Debroise, La vie de Marie d'après les révélations des mystiques, Presses de la Renaissance, Paris 2011, p. 115-116
Synthèse Françoise Breynaert