L'empereur Auguste perçu comme « adorable » et « sauveur »
En l'an 27 avant J-C, trois ans après son entrée en charge, le sénat romain avait conféré à l'empereur César le titre d'Auguste - « l'adorable ». Et dans l'épigraphe de Priène remontant à 9 ans avant J-C, on dit que le jour de la naissance de l'empereur « a conféré au monde entier un aspect différent. Celui-ci serait parti en ruine si en lui, l'homme d'ascendance divine, une perspective commune de bonheur n'avait pas émergé. [...] La providence qui dispose divinement de notre vie a comblé cet homme, pour le salut des hommes, de ces dons pour l'envoyer à nous et aux générations futures comme sauveur. »[1] Auguste est "sauveur" car il a apporté la paix civile à ses contemporains, et on peut encore admirer l'autel de la paix d'Auguste (« Ara Pacis Augusti »), consacré par le sénat romain le 30 janvier l'an 9 avant J-C après les victoires d'Auguste en Espagne et en Gaule.
La naissance de Jésus, au temps de César Auguste
Dans l'Evangile, saint Luc prend soin de situer Jésus devant l'empereur :
« Or, il advint, en ces jours-là, que parut un édit de César Auguste, ordonnant le recensement de tout le monde habité. » (Lc 2, 1), et c'est alors que Marie enfanta à Bethléem. Aux bergers l'ange annonce : « aujourd'hui vous est né un Sauveur, qui est le Christ Seigneur, dans la ville de David. » (Lc 2, 11) Et la troupe céleste louait Dieu en disant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et sur la terre paix aux hommes objets de sa complaisance! » (Lc 2, 14)
La paix du Christ (Pax Christi) n'est pas nécessairement en opposition avec la paix d'Auguste (Pax romana). Mais la paix du Christ dépasse la paix d'Auguste comme le ciel domine la terre. La politique a sa propre responsabilité, mais il faut bien reconnaitre les limites de la paix romaine. Surtout, comme chaque fois que nous sommes devant des souverains aux prétentions divines, la politique dépasse ses propres limites. La paix de Jésus est rédemption et salut. Auguste appartient au passé. Jésus est présent et il est l'avenir[2].
Contrairement à Auguste, il faut rappeler que « dans les récits des , l'unicité du Dieu unique et l'infinie différence entre Dieu et la créature demeurent parfaitement conservées. Il n'existe aucune confusion, il n'y a aucun demi-dieu. La Parole créatrice de Dieu, par elle-même opère quelque chose de nouveau. Jésus, né de Marie, est totalement homme et totalement Dieu, sans confusion ni division, comme le précisera le Credo de Chalcédoine en l'an 451 » [3].
Bref, la paix du Christ va bien au-delà de la paix civile d'un empire éphémère...
[1] J. Ratzinger, Benoît XVI, L'enfance de Jésus, Flammarion, Paris 2012, p. 88-89
[2] Cf. J. Ratzinger, Benoît XVI, L'enfance de Jésus, Flammarion, Paris 2012, p. 110-111
[3] J. Ratzinger, Benoît XVI, L'enfance de Jésus, Flammarion, Paris 2012, p. 79
Synthèse F. Breynaert