"Comment m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne à moi"
(Lc 1, 43)
Avec la confession de foi, l’exclamation d’Elisabeth exprime de manière vive le sentiment de qui soudain se trouve devant le "mystère terrible et fascinant", de qui se sent enveloppé d’une manière inexplicable et inattendue par la majesté et par la beauté divine.
La découverte de la grandeur de Dieu provoque toujours dans l’homme une perception renforcée de sa propre nullité, un sens profond de distance, d’inadéquation.
Quand il voit que ce Dieu daigne se baisser et s’adresser à lui, la stupeur et le désemparement se font plus forts. Naît spontanément la question: "Comment m’est-il donné que tu viennes chez moi ?" (Lc 1, 43)
Ce sentiment est commun à beaucoup de personnes.
Isa?e, quand il eut cette vision extraordinaire de la gloire de Dieu, s’exclama confus : "Malheur ! je suis perdu, parce que je suis un homme aux lèvres impures" (Is 6,1).
C’est le sentiment typique de la créature visitée soudain par Dieu.
Augustin a des pages très belles sur ce thème. Comme foudroyé par Dieu, il ressent une "terreur sacrée", un "tremblement d’amour", et Dieu qui le fait "frémir et brûler" en même temps (AUGUSTIN, Confessions XIV 17).
Marie aussi a fait cette expérience. Quand Dieu déferle dans sa vie, elle se sent indigne, consciente de sa petitesse et de sa nullité.
Son chant du Magnificat a précisément jailli de la stupeur devant cette disproportion, à cette présence presque absurde des contrastes: sa petitesse et la grandeur de Dieu. La confession de foi, la louange et la stupeur d’Elisabeth rejoint l’état d’âme de Marie et constituent presque un prélude au Magnificat
Maria Ko Ha Fong,
Lectio divina su Lc 1,39-45 in “Theotokos”, 1997, n° 1,
pp. 177-195 p. 192