La présence de Tamar, Rahab, Ruth, Bethsabée dans la généalogie de Matthieu, en évoquant une mère, relâche les règles de la succession patriarcale bien présentes et traditionnelles dans les cultures anciennes et sémitiques.
Plusieurs éléments rapproche ces quatre mères :
Etrangères : L’Ancien Testament rapporte que trois d’entre elles, Rahab, Ruth et Bethsabée, et probablement aussi Tamar, étaient étrangères. C’est le premier élément qui les rapproche.
Le lien matrimonial contracté est très faible à cause de leur condition initiale d’étrangères rattachées par des circonstances fortuites à Israël. C’est le second élément.
Ayant une grande foi : Dans la pitié biblique post-exilique leur comportement est jugé avec des critères qui supposent la foi en une initiative de l’Esprit de Dieu, qui dépasse la quotidienneté et l’attente normale, mais n’est pas jugé criminel (1). Ceci est le troisième élément.
Ces femmes jouent un rôle important dans le projet de Dieu et sont instrument de la Providence divine ou de l’Esprit Saint pour mettre en relief - soit le triomphe de Dieu sur les préventions et les obstacles humains (2) - soit l’universalité du salut, qui n’est plus un privilège du peuple élu, jalousement gardé.
L’interruption de la loi patriarcale a son apogée dans l’affirmation que "de laquelle (Marie) fut engendré Jésus", alors qu’au vu des précédents, on aurait attendu que "Joseph engendra Jésus de Marie".
(1) Cf. BLOCH R., “Juda engendra Pharès et Zara de Thamar, (Mt 1, 3)”, in Mélanges bibliques rédigés en l’honneur de André Robert, Paris, Bloud & Gay, 1957, pp. 381-389. PAUL A., Il vangelo dell’infanzia secondo San Matthieu, trad. it., Borla, Roma 1986, pp. 30-35. FERRARI SCHIEFER V., “Padri e madri nella tradizione biblico-giudaica”, in Theotokos 8, 2000, 537-550.
(2) BROWN R.E., La nascita del Messia secondo Matteo e Luca. Edizione rinnovata con supplemento, trad.it., Cittadella, Assisi 2002. p. 82.