La lutte contre l'antique serpent décrite en Ap 12,9 correspond à la lutte décrite en Gn 3, 15.
Or, nous l'avons dit, les traductions de Gn 3, 15 attribuent la victoire sur l'antique serpent, soit à la descendance de la femme (texte hebreu, bible de Jérusalem), sans qu'on le sache bien si cette descendance est un individu (le messie), ou un groupe ; soit au messie individuel (texte de la Septante), soit au peuple en présence du messie (targum).
La femme d’Apocalypse 12, mère du messie (Ap 12, 2) et mère des disciples qui obéissent à ses commandements (Ap 12,17), peut être validement interprétée comme étant la mère de Jésus (Jn 19, 25-27). Mais c’est aussi et d’abord l’Eglise, qui souffre dans les douleurs de l’enfantement de la foi, selon les parles de Jésus (Jn 16.20-22).
C'est pourquoi, le livre de l’Apocalypse décrit une triple victoire :
1- Le fils de la femme est victorieux : « il fut enlevé jusqu'auprès de Dieu et de son trône » (Apocalypse 12, 6). Ce qui correspond à la version de Genèse 3, 15 offerte par la version grecque de la Septante (3ème ou 2ème siècle avant J-C) et qui atteste clairement l’attente d’un messie personnel.
2- La femme elle-même est victorieuse : elle reçut les deux ailes du grand aigle pour voler au désert jusqu'au refuge où, loin du Serpent, elle doit être nourrie un temps et des temps et la moitié d'un temps. Le Serpent vomit alors de sa gueule comme un fleuve d'eau derrière la Femme pour l'entraîner dans ses flots. Mais la terre vint au secours de la Femme: ouvrant la bouche, elle engloutit le fleuve vomi par la gueule du Dragon. (Ap 12, 14-16)
3- La lignée de la femme, ses autres enfants, sont eux aussi victorieux :
« Alors, furieux contre la Femme, le Dragon s'en alla guerroyer contre le reste de ses enfants, ceux qui gardent les commandements de Dieu et possèdent le témoignage de Jésus. » (Ap 12, 17) ; « Mais eux l'ont vaincu par le sang de l'Agneau et par la parole dont ils ont témoigné, car ils ont méprisé leur vie jusqu'à mourir. (Ap 12, 11). Ce qui correspond à la prophétie relu avec une portée à la fois collective et messianique par le targum palestinien du pseudo Jonathan.
cf. Aristide SERRA, “Bibbia”, Nuovo dizionario di mariologia, a cura di De Fiores, San Paolo, Turino 1986, p.265-272,
cf. Aristide SERRA, La Donna dell’Alleanza, Prefigurazioni di Maria nell’Antico Testamento, Messaggero di sant’Antonio – editrice, Padova 2006, p. 252-259 (https://www.edizionimessaggero.it/).
F. Breynaert
- cf. [Lien perdu].