L’histoire de l’Église s’accompagne de « signes » qui sont sous les yeux de tous, mais qui demandent à être interprétés. Parmi eux, l’Apocalypse présente le « signe grandiose » apparu dans le ciel, qui parle d’une lutte entre la femme et le dragon.
La femme ayant le soleil pour manteau, qui est en train d’accoucher dans la souffrance (cf. Ap 12, 1-2), peut désigner l’Israël des prophètes qui enfante le Messie, « celui qui sera le berger de toutes les nations, les menant avec un sceptre de fer » (Ap 12, 5; cf. Ps 2, 9). Mais elle représente aussi l’Église, peuple de la nouvelle Alliance, en proie à la persécution, mais protégée par Dieu.
Le dragon est « le serpent des origines, celui qu’on nomme Démon ou Satan, celui qui égarait le monde entier » (Ap 12, 9).
Le combat est inégal: le dragon semble avoir l’avantage, tant est grande son outrecuidance face à la femme sans défense et souffrante.
En réalité, le vainqueur, c’est le fils que la femme vient de mettre au monde.
Dans ce combat, une chose est certaine : le grand dragon a déjà été vaincu, « il fut jeté sur la terre, et ses anges avec lui » (Ap 12, 9).
Ceux qui l’ont vaincu, ce sont le Christ, Dieu fait homme, par sa mort et sa résurrection, et les martyrs, « par le sang de l’Agneau et le témoignage de leur parole » (Ap 12, 11). Et même si le dragon persiste dans son opposition, il n’y a rien à craindre, car sa défaite est déjà consommée.
Telle est la certitude qui anime l’Église au long de son chemin, tandis qu’elle relit son histoire de toujours à partir de la femme et du dragon.
La femme qui met au monde un enfant mâle nous rappelle aussi la Vierge Marie, surtout au moment où, transpercée par la souffrance au pied de la Croix, elle engendre de nouveau le Fils, comme vainqueur du prince de ce monde. Elle est confiée à Jean qui, à son tour, lui est confié (cf. Jn 19, 26-27), et elle devient ainsi la Mère de l’Église.
Grâce au lien qui unit Marie à l’Église, et l’Église à Marie, le mystère de la femme prend une clarté nouvelle:
« En effet, Marie, présente dans l’Église comme Mère du Rédempteur, participe maternellement au “dur combat contre les puissances des ténèbres” qui se déroule à travers toute l’histoire des hommes. Et par cette identification ecclésiale avec la “femme enveloppée de soleil” (Ap 12, 1), on peut dire que “l’Église, en la personne de la bienheureuse Vierge, atteint déjà la perfection qui la fait sans tache ni ride” ».
L’Église entière regarde donc Marie. [...]
Elle vient au secours « du peuple chrétien dans la lutte incessante entre le bien et le mal, afin qu’il “ne tombe pas” ou, s’il est tombé, qu’il “se relève” ».
5D=details&tx_ifglossaire_list%5Bcontroller%5D=Glossaire" title="Disciple puis apôtre du Seigneur Jésus, il est témoin de sa transfigurat..." class="definition_texte">Jean Paul II,
Lettre apostolique post synodale "Ecclesia in Europa", (année 2003), § 122-124.