La cathédrale Notre-Dame-des-Doms et de tout pouvoir ou basilique Notre-Dame-des-Doms, chef-d’œuvre de l’architecture romane provençale et haut lieu marial provençal est située en Avignon.
Les Avignonnais pensent que l'origine de leur église remonte à Rufus, le fils cadet de Simon de Cyrène, débarqué en Provence avec Lazare, et à Marthe, l'hôtesse zélée du Christ à Béthanie... Sa maison, Domus Sanctae Marthae, serait devenue ensuite le sanctuaire des Doms. Cette tradition est confirmée par le pape Sixte IV au XVès, qui déclara que
« Cette église a toujours fait commémoration de sainte Marthe comme de sa fondatrice »[1].
L’église d’Avignon élevée sous le nom de Sainte-Marie est connue par les textes dès 907 sous le nom de Sanctae Mariae Dei Genitrix dicate. C’est sur l’emplacement de l’église primitive que fut édifiée cette magnifique cathédrale d’Avignon, chef-d’œuvre de l’art roman provençal, consacrée en 1111. Elle fut agrandie aux XIVè et l’on commanda à Simone Martini des fresques pour le porche.[2]
L’une des fresques de S.Martini: la Vierge et les anges. Simone Martini, Public domain, via Wikimedia Commons.
La cathédrale fut classée sur la liste des monuments historiques en 1840, et, en 1854, le pape Pie IX donna à l'édifice le titre de basilique mineure, affiliée à Sainte Marie-Majeure à Rome.
Elle est actuellement le siège de l'archidiocèse d'Avignon.
Peu après l'achèvement des travaux mais l'évêque n'ayant pas encore procédé aux cérémonies solennelles de la dédicace, une dame d'Avignon, fort pieuse, fut réveillée par la cloche qui appelait les fidèles au saint sacrifice. Comme il lui semblait avoir fort peu dormi et que la nuit était encore bien noire, elle s'étonna d'abord, puis la sonnerie se faisant pressante, se leva, s'habilla en hâte et courut à la cathédrale. En effet, un prélat inconnu assisté de prêtres nombreux mais qui n'étaient pas d'Avignon procédaient aux cérémonies de la dédicace, puis l'évêque monta à l'autel et célébra la messe. Saisie de la majesté de la cérémonie, la dame se rendit à peine compte, tant la cathédrale flamboyait de lumières, que la nef et les chapelles latérales étaient vides et qu'elle assistait seule à cet étrange événement dont personne, en ville, n'avait été averti à temps... Au moment de l'offertoire, le quêteur lui tendant le plateau, la dame s'aperçut, embarrassée, qu'elle avait, dans sa crainte d'être en retard, oublié sa bourse et qu'elle n'avait pas d'argent sur elle. Alors, elle retira son anneau de mariage en disant de le garder jusqu'à ce qu'elle revienne plus tard s'acquitter de l'offrande qu'elle avait prévue de donner pour la dédicace. Le prêtre lui répondit alors de ne pas s'inquiéter et que, le moment venu, elle retrouverait sa bague posée sur un autel qu'il lui indiqua et gravée d'une inscription semblable à celle qui se voyait dans cette même chapelle. /.../
De retour chez elle, elle se mit machinalement à ses tâches quotidiennes et fut extrêmement surprise d'entendre, un long moment plus tard, sonner les cloches de Notre-Dame des Doms, appelant à ce qu'elle prit pour une seconde messe. Dehors, l'aube du 8 octobre se levait à peine... Alors, n'y tenant plus, elle ressortit et alla demander à la cathédrale ce qui arrivait et pourquoi on sonnait maintenant une seconde célébration. Comme chacun la regardait avec des yeux ronds, la dame raconta son lever nocturne, les splendides cérémonies dont elle avait été témoin, et à ceux qui lui disaient avec pitié qu'elle avait rêvée elle parla de sa bague donnée à la quête. On alla voir pour la convaincre de son erreur. Pourtant, l'alliance était là, posée sur l'autel et, ainsi que l'avait annoncé le mystérieux quêteur, elle portait gravée à l'identique, ce qui était impossible en si peu de temps, l'inscription promise.
Le clergé comprit qu'il s'agissait d'un miracle et estima que le Christ assisté de la cour angélique avait Lui-même procédé à la dédicace d'une église chère entre toutes à sa Mère. Cette version fut plus tard entérinée par les papes Jean XXII et Sixte IV par des bulles de 1316 et de 1475. Quant au 8 octobre, date de la dédicace divine, elle fut depuis célébrée avec faste, à 4 h du matin...[3]
En ce lieu ont été canonisés plusieurs saints : Bertrand de Comminges en 1309, le pape Célestin en 1313, Louis d’Anjou, archevêque de toulouse, en 1317, Thomas de Chanteloup, évêque de Hereford en 1320, Thomas d’Aquin en 1323 et Yves de Tréguier en 1347.
C’est en ce lieu que le couronnement des papes d’Avignon se déroula, et deux papes y sont enterrés : Jean XXII, ancien évêque d’Avignon et Benoît XII. C’est en ce lieu que le pape Clément VI publia, le 23 janvier 1345, la bulle Unigenitus Dei Filius[4], et de nombreux conciles provinciaux et de synodes diocésains s’y sont tenus depuis le XIès.
Presque tous les rois de France, de Louis VIII à Louis XIV, s'y agenouillèrent, à l'occasion d'une visite dans cette enclave des États pontificaux en France avant la Révolution.
Sept souverains pontifes légitimes y siégèrent : Clément V, Jean XXII, Benoît XII Clément VI, Innocent VI, Urbain V et Grégoire XI. Sous ses voûtes, ils instituèrent des usages et des célébrations qui marquent encore aujourd'hui la vie catholique : si la fête de la Lance et des saints clous a disparu, celle de la Présentation de Notre Dame au Temple, le 21 novembre, celle de la Trinité, et plus encore celle du Corpus Christi, appelée en France Fête-Dieu, célébrée pour la première fois en 1317 ont pris toute leur ampleur.
De nombreux saints vinrent prier Notre-Dame des Doms : saint Rémy, de Reims ; saint Mayeul, de Cluny ; saint Pons, saint Hugues, évêque de Grenoble ; saint Denis, évêque ; saint Dominique, saint François
La cathédrale abrite également les statues de Notre-Dame de Tout Pouvoir, du XIVès, offerte par Jean XXII ; celle de Notre-Dame des Doms, sculptée par Jams Pradier en 1834, ex-voto de la population pour la protection de la Vierge Marie contre le choléra ; de Notre-Dame des Doms, Vierge couronnée d’étoiles placée en 1859 au sommet du clocher, qui bénit la ville d’une main et la protège de l’autre.
Les principaux pèlerinages ont lieu les 15 août, en la fête de l’Assomption, le 8 décembre (ce dernier, depuis 1648, est précédé d’une neuvaine), jour de la Nativité de la Vierge Marie et le 8 octobre en commémoration de sa dédicace divine, attestée par les papes Jean XXII et Sixte IV.
Sources :
-Anne BERNET, Notre Dame en France, 52 pèlerinages. Versailles : Éditions de Paris, 2010, p. 79-84
-Dominique Le Tourneau. Guide des sanctuaires mariaux. Paris : Artège, 2019.
-sur la cathédrale Notre-Dame des Doms et le palais des papes, en ligne
-sur les sanctuaires marials du diocèse d'Avignon, dans l'Encyclopédie mariale
-Sur la Vierge Marie, Marthe et Marie, dans l’Encyclopédie mariale
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