Chartres : des proportions évoquant l’Incarnation


 

Les proportions de la cathédrale de Chartres sont symboliques et utilisent le nombre d’or. On peut ainsi parler de géométrie sacrée, d’ailleurs inscrite jusque dans le sol avec le fameux labyrinthe. Les proportions de la cathédrale rendent compte d’une symbolique particulière : ainsi, le carré symbolise l’homme (chiffre 4),  et le cercle symbolise Dieu (chiffre 3). Cette union des carrés et des cercles symbolise donc l’union du ciel et de la terre. Felix F. Schwarz, dans son ouvrage Symbolique des cathédrales, visages de la Vierge, analyse le symbole des proportions de cette cathédrale de Chartres.

 

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La phrase de la Bible :

« Tu as ordonné toutes les choses en mesure, nombre et poids » (Sagesse, 11, 20,b)

justifie et confirme au penseur chrétien la théorie pythagoricienne d’un univers symphonique basé sur les nombres.

Les chiffres 3 et 4 et le symbolisme du cercle et du carré

Le carré est le symbole de l’univers fini. C’est le symbole de la stabilité, du monde incarné dans l’harmonie, du terrestre. Le 4 est donc le chiffre de l’homme, en opposition avec le chiffre 3. La forme quadrangulaire est adoptée en architecture pour dessiner les limites du temple. Le tracé ad quadratum  permet d’organiser les proportions à partir du carré dessiné par les quatre piliers de la croisée du transept.

Le chiffre 3 est un nombre fondamental, et

« exprime un ordre intellectuel et spirituel, en Dieu, dans le cosmos ou dans l’homme »[1].

Le cercle est donc le symbole de l’infini, sans commencement ni fin. Il symbolise le chiffre trois, qui est celui de Dieu Père, Fils et Esprit.

Le rapport 3 et 4 de l’architecture évoque la quarte musicale.

Les chiffres 6 et 7

Le chiffre 6 est un chiffre parfait : la somme de ses  diviseurs (2,3 et 1) donne 6. 

Il symbolise les six jours de la création. Le 6 est, à travers l'hexagone, l'image féminine : comme l’écrit Felix F. Schwarz[2]

« Le chiffre 6, qu’utilisent les bâtisseurs, représente les 6 directions de l’espace : les quatre points cardinaux, le ciel et la terre. Quant à l’hexagone, il représente la substance structurée devenue réceptacle en attente de fécondation. »

Le  chiffre 6, inclus dans l’hexagone, symbolise donc la femme, et, à travers elle, la Vierge et la Nature.

 

Le chiffre 7 (4=homme + 3= Dieu) symbolise l’union des hommes et de Dieu, et personnifie Dieu dans son action créatrice,

« dont il indique la capacité fécondante »[3].

Il correspond également aux sept jours de la semaine.

Le chiffre 7 est symbolisé en architecture par le carré surmonté d’un arc (fragment du cercle).

Le plan primitif de la cathédrale

C'est l'hexagone (figure à 6 côtés) qui gouverne le plan primitif de la cathédrale de Chartres.

Le rapport de la largeur de la nef et de la largeur du transept est 7 pour la nef et 6 pour le transept.

Deux cercles concentriques de rayon proportionnés à 6 et à 7 déterminent les deux premiers hexagones, base des piliers de la nef et du transept. Une croissance hexagonale détermine tous les autres piliers ainsi que les limites du sanctuaire.

L'hexagone représente Le rapport de 6 à 7 est le rapport du Christ avec la Vierge.

Ce rapport représente la sagesse de la création.

Cette symbolique remplit donc une fonction  anagogique, permettant de traverser les apparences vers la contemplation du monde divin.

Le labyrinthe de la cathédrale de Chartres

Le sol de cathédrale de Chartres est, conformément à une tradition très ancienne,  orné d’un labyrinthe de forme circulaire, qui a été  conçu au XIIe siècle. Il est inscrit dans toute la largeur du pavage de la nef principale, entre les troisième et quatrième travées. Les labyrinthes étaient considérés comme des substituts du pèlerinage en Terre Sainte, pour les chrétiens qui ne pouvaient s’y rendre. On parcourait ainsi les quelques 260 mètres du labyrinthe de Chartres à genoux, dans une démarche pénitentielle initiatique. Le centre du labyrinthe était nommé « Paradis » ou « Jérusalem céleste ».

Cette géométrie sacrée est donc le principe ordonnateur d’une pensée théologique inscrite dans la pierre.

Source :

-Felix F. Schwarz, Symbolique des cathédrales, visages de la Vierge,

éditions du huitième jour, Paris 2003, p. 110.

-Jean Chevalier, Alain Gheerbrant. Dictionnaire des symboles. Paris : Robert Laffont, 1982.

 

[1] Jean Chevalier, Alain Gheerbrant. Dictionnaire des symboles. Paris : Robert Laffont, 1982.

[2] Felix F. Schwarz, Symbolique des cathédrales, visages de la Vierge. Paris : éditions du huitième jour, 2003, p. 110.

[3] Felix F. Schwarz, Ibid.

 

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Pour en savoir plus

 

-sur la cathédrale de Chartres, dans l’Encyclopédie mariale

-sur l'art marial gothique, dans l’Encyclopédie mariale

 

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