Chartres : grand site marial au XII° siècle


 

Depuis plusieurs siècles, le sanctuaire de Chartres était l’un des plus vénérés de l'Occident, car il conservait une relique précieuse, la Sainte Tunique que portait la Vierge Marie lors de l’Annonciation. La Providence divine avait ainsi choisi Chartres comme la première église de la Gaule à accéder à la connaissance des mystères de l'Incarnation.

 

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Le don de la relique de la Sainte Tunique

Comme l’affirme Émile Mâle[1] :

« Une chose est certaine, c’est que, de bonne heure, la Vierge fut particulièrement vénérée à Chartres. À l’époque carolingienne, sa cathédrale devait être le centre le plus célèbre de son culte dans la France du Nord, car Charles le Chauve, en 876, lui fit présent d’une tunique précieuse entre toutes : la Sainte Tunique de la Vierge[2]. »

La Sainte Chemise (Sancta Camisa), nommée aujourd’hui Voile de la Vierge, avait été envoyée de Byzance par  l’empereur d’Orient  Constantin VI ou l’impératrice Irène  à Charlemagne[3], qui l’avait conservée dans l’église de son palais à Aix-la-Chapelle. Vénérée par les fidèles comme l’une des reliques les plus précieuses du Moyen Age, Chartres vit affluer les pèlerins et considéra la Sainte Tunique comme une défense et un gage de salut[4].

L’incendie de 1194

Lorsqu’on retrouva la chemise de la Vierge, intacte, dans les décombres de la cathédrale incendiée en juin 1194, l'enthousiasme fut tel qu'il suffit d'une génération pour trouver les fonds et rebâtir la cathédrale, grâce à l’évêque Renaud de Mousson, cousin germain de Philippe Auguste..Les travaux de reconstruction s'échelonnèrent jusqu'en 1220, année de la pose des voûtes.

La cathédrale actuelle fut achevée en 1260, année de la dédicace, et celle-ci eut lieu le 17 octobre 1260, en présence du roi saint Louis.

Cette époque gothique est réellement l'époque de la Vierge. Ses plus nobles inspirations pointaient vers le culte de la Reine des cieux et la cathédrale de Chartres était son palais.

De très nombreux malades furent hospitalisés dans l'un des immenses bras de la crypte, dans lequel ils passaient parfois plusieurs semaines. On mentionne bon nombre de guérisons miraculeuses attribuées à la Vierge.

Chartres fut dès cette époque un site marial très connu, comparable à ce qu'est devenu Lourdes aujourd'hui.

 Source :

- E. Mâle. La cathédrale de Chartres. Paris : Flammarion, 1994.

- Felix F. Schwarz, Symbolique des cathédrales, visages de la Vierge. Paris : Éditions du huitième jour, 2003, p. 102.

 

[1] E. Mâle. La cathédrale de Chartres. Paris : Flammarion, 1994.p.17 sqq.

[2] Ce voile était recensé dans les listes de reliques que détenait Constantinople au Ve siècle. On l’appelait la

[3] Charlemagne était le grand-père de Charles le Chauve.

[4] La Sainte Tunique resta invisible pendant des siècles, jusqu’à la Révolution. On s’aperçut alors que la Sainte Tunique ne ressemblait pas à une chemise, mais qu’elle était une pièce d’étoffe dans laquelle se drapaient les femmes de l’Orient.

 

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Pour en savoir plus

 

-sur miracles et pèlerinages marials au Xe-XIIe siècle, dans l’Encyclopédie mariale

-sur Chartres (28), la cathédrale, dans l’Encyclopédie mariale

-sur les cathédrales : l’esprit de la construction, dans l’Encyclopédie mariale

-sur Fulbert de Chartres, dans l’Encyclopédie mariale

-sur les reliques vestimentaires de la Vierge Marie, dans l’Encyclopédie mariale

 

L’équipe de MDN.