Historique et vue d'ensemble (1).
Un bijou d'architecture du X° et XII° siècle.
Tout proche du sanctuaire cathédrale, le neck (cheminée volcanique) d'Aiguilhe a été couronné au Xème siècle par une première petite chapelle de plan centré, agrandie au XIIème. Ce bijou d'architecture semble prolonger, à 82 mètres de hauteur, le sommet du rocher. Des restaurations récentes ont mis à jour le décor à fresques de l'époque romane.
268 marches mènent à ce sanctuaire offert par le doyen du chapitre Truannus et béni par l'évêque Godescalc en 961.
Au Moyen-Âge, les oratoires de saint Gabriel et saint Raphaël sont ajoutés le long de la montée.
Au XVème siècle, au bas du rocher, l'évêque Guillaume de Chalencon dédia une chapelle à l'archange Gabriel ; un peu plus haut un autre oratoire était placé sous le patronage de l'archange Raphaël. L'ensemble de ces trois chapelles symbolisait toute la vie chrétienne ; à son début, Gabriel, l'archange de l'Annonciation, introduit dans la vie chrétienne ; ensuite Raphaël "conducteur et consolateur des voyageurs et des pèlerins", accompagne tout au long du pèlerinage terrestre et, puisqu'il a fait tomber les écailles des yeux de Tobie, il est conseillé de le prier particulièrement lors de la préparation des confessions ; enfin à l'arrivée, Michel conduit vers la demeure éternelle.
Même s'il ne reste que des traces de ces oratoires, retrouver une démarche spirituelle de pèlerinage en marquant ces étapes, donne tout son sens à l'ascension entreprise.
Un mot sur les fresques récemment restaurées (2).
La chapelle de saint Michel est au sommet du piton rocheux (une cheminée volcanique), elle date du X° et du XII° siècle. Restaurées, ses fresques romanes ne sont que partiellement visibles.
En entrant, le pèlerin voit sur la première voûte une fresque de l'adoration des mages.
La première attitude qu'inspire l'archange saint Michel, c'est l'adoration. Le dessein de Dieu, c'était l'Incarnation du Fils pour que les hommes puissent connaître la vie divine et y participer.
Dès l'éternité, comme le dit la vision « dans le ciel » du livre de l'Apocalypse 12, Satan comme un « dragon » veut tuer l'enfant de « la femme » : il veut s'opposer à l'Incarnation. Après l'adoration des mages, il inspire au roi Hérode le massacre des enfants de Bethléem.
Tandis que Satan se révolta contre ce projet qu'il jugea sans doute indigne du Créateur, saint Michel, dont le nom signifie « qui est comme Dieu ? » choisit l'adoration.
S'avançant dans le chœur de la chapelle, le pèlerin voit sur la voûte le Christ entouré du tétramorphe c'est-à-dire des quatre évangélistes représentés par des symboles (un homme, un aigle, un bœuf et un lion) ; et, chose rare, l'archange saint Michel est représenté à côté du Christ : saint Michel est au service du Christ.
Plus bas, sur deux images, le pèlerin voit l'archange saint Michel aidant quelqu'un à entrer dans le Paradis.
Quand le pèlerin sort de la chapelle, il voit une dernière fresque, celle de Jésus bon pasteur. Il repart ainsi dans la vie quotidienne, sachant qu'il peut faire confiance au meilleur ami qui soit, Jésus le Sauveur. Le pèlerin est éclairé sur les véritables enjeux de la vie, sur le combat spirituel, et sur ce qui a valeur d'éternité.
(2) Commentaire des fresques par Françoise Breynaert.