Une apparition unique : le 19 septembre 1846.
Les voyants : Mélanie Calvat (quatorze ans) et Maximin Giraud (onze ans), deux bergers de Corps. Maximin est espiègle, Mélanie est timide, tous les deux ignorent l’école et le catéchisme.
Le lieux : les alpages au-dessus de Corps
Un message silencieux d’amour et de larmes et de lumière [1]
La clarté qui les enveloppe tous les trois vient d’un grand Crucifix qu’elle porte sur sa poitrine, entouré d’un marteau et de tenailles. Elle porte sur ses épaules une lourde chaîne et, à côté, des roses.
Sa tête, sa taille et ses pieds sont entourés de roses.
Elle verse des larmes silencieuses.
Un message oral [1]
Lors de son apparition, la Vierge Marie a confié à Maximin et Mélanie ensemble un Message à destination de "tout son peuple". L’Evêque de Grenoble l’a authentifié par mandement le 19 septembre 1851.
"Avancez, mes enfants, n’ayez pas peur, je suis ici pour vous conter une grande nouvelle.
Si mon peuple ne veut pas se soumettre, je suis forcée de laisser aller le bras de mon Fils. Il est si fort et si pesant que je ne puis plus le maintenir. Depuis le temps que je souffre pour vous autres ! Si je veux que mon Fils ne vous abandonne pas, je suis chargée de le prier sans cesse. Pour vous autres, vous n’en faites pas cas ! Vous aurez beau prier, beau faire, jamais vous ne pourrez récompenser la peine que j’ai prise pour vous autres.
Je vous ai donné six jours pour travailler, je me suis réservé le septième et on ne veut pas me l’accorder.
C’est ça qui appesantit tant le bras de mon Fils.
Et aussi, ceux qui mènent les charrettes ne savent pas jurer sans mettre le nom de mon Fils au milieu.
Ce sont les deux choses qui appesantissent tant le bras de mon Fils.
Si la récolte se gâte, ce n’est rien qu’à cause de vous autres. Je vous l’avais fait voir l’an dernier par les pommes de terre, vous n’en avez pas fait cas. C’est au contraire : quand vous en trouviez des pommes de terre gâtées, vous juriez, vous mettiez le nom de mon Fils au milieu. Elles vont continuer, et cette année, pour la Noël, il n’y en aura plus. (Jusqu’ici la Belle Dame a parlé en français. Elle prévient une question de Mélanie et termine son discours en patois) : Vous ne comprenez pas, mes enfants ! Je vais vous le dire autrement. Si la récolte se gâte... Si vous avez du blé, il ne faut pas le semer. Tout ce que vous sèmerez, les bêtes le mangeront et ce qui viendra tombera tout en poussière quand on le battra.
Il viendra une grande famine. Avant que la famine vienne, les petits enfants au-dessous de 7 ans prendront un tremblement et mourront entre les mains des personnes qui les tiendront. Les autres feront pénitence par la famine. Les noix deviendront vides, les raisins pourriront. (A ce moment Mélanie voit que la Belle Dame dit quelques mots à Maximin, mais elle n’entend pas. Puis c’est au tour de Maximin de comprendre qu’elle dit quelques mots à Mélanie qu’il n’entend pas non plus. Puis elle poursuit.)S’ils se convertissent, les pierres et les rochers deviendront des monceaux de blé et les pommes de terre seront ensemencées par les terres.
Faites-vous bien votre prière, mes enfants ?
- Pas guère, Madame.
- Ah ! Mes enfants, il faut bien la faire, soir et matin, ne diriez-vous qu’un Pater et un Ave Maria quand vous ne pourrez pas mieux faire. Et quand vous pourrez mieux faire, il faut en dire davantage.
L’été, il ne va que quelques femmes un peu âgées à la Messe. Les autres travaillent le dimanche tout l’été, et l’hiver, quand ils ne savent que faire, ils ne vont à la Messe que pour se moquer de la religion.
Le Carême, ils vont à la boucherie, comme les chiens.
- N’avez-vous jamais vu du blé gâté, mes enfants ?
- Non Madame !
- Mais vous, Maximin, mon enfant, vous devez bien en avoir vu une fois, au Coin, avec votre père. Le maître du champ dit à votre père de venir voir son blé gâté. Vous y êtes allés. Votre père prit deux ou trois épis dans sa main, les froissa et ils tombèrent tous en poussière. En vous en retournant, quand vous n’étiez plus qu’à une demi-heure de Corps, votre père vous donna un morceau de pain en vous disant : "Tiens, mon petit, mange encore du pain cette année, car je ne sais pas qui va en manger l’an qui vient si le blé continue comme ça".
- Ah ! Oui, Madame. Je m’en rappelle à présent. Je ne m’en rappelais pas tout à l’heure.
- Eh bien, mes enfants, vous le ferez passer à tout mon peuple !
Allons, mes enfants, faites-le bien passer à tout mon peuple !"
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[1] Source : lasalette.cef.fr
Les relations aux évêques
L’authentification du message par l’évêque : lors de son apparition, la Vierge Marie a confié à Maximin et Mélanie ensemble un Message à destination de "tout son peuple". L’Evêque de Grenoble l’a authentifié par mandement le 19 septembre 1851. [1]
L’évêque de Grenoble, Mgr de Bruillard, estimait les voyants. Ensuite, Mgr Genouilhac, promu par l’entourage du futur Napoléon III, déjà au pouvoir, apprit très vite que le secret des voyants était sévère pour l’empereur, « l’Aiglon déplumé », voué à la déchéance qui arriva en 1870. Mgr Genouilhac soutint le pèlerinage fondé par les pères de La Salette, mais en le dissociant des voyants : il exclut Maximin du séminaire diocésain, et exile Mélanie. La vie des deux voyants sera trimbalée. On trouva une belle formule pour signifier son propos devant la foule des pèlerins le 19 septembre 1855 : « La mission des bergers est finie, celle de l’Eglise commence. » [2]
Influence de la Salette
La Salette bénéficie immédiatement de la modernité, c'est-à-dire des chemins de fer et donc de la possibilité de longs pèlerinages, en nombre. La Salette apporta un souffle de conversion y compris dans l’intelligentsia et la culture françaises au XXe siècle : Huysmans, Léon Bloy et son filleul Jacques Maritain, Verlaine, Péguy, Claudel, Massignon, Bernanos.
[1] Source : lasalette.cef.fr [2] René LAURENTIN et M. CORTEVILLE, article « La Salette », dans : René LAURENTIN et Patrick SBALCHIERO, Dictionnaire encyclopédique des apparitions de la Vierge. Inventaire des origines à nos jours. Méthodologie, prosopopée, approche interdisciplinaire, Fayard, Paris 2007.
Sanctuaire de Notre-Dame de La Salette
38970 LA SALETTE (diocèse de Grenoble)