La visitation est un thème iconographique très riche. Il offre l’occasion aux artistes de représenter ce mystère, selon des choix à la fois esthétiques et théologiques.
La Visitation représente la rencontre de Marie et d’Élisabeth, plus âgée. Toutes les deux sont enceintes (Cf. Luc 1, 39-56[1]). La Vierge Marie a conçu de l'Esprit Saint, elle est enceinte du Christ, et c'est pourquoi sa visite chez Elisabeth est une effusion de l'Esprit Saint.
Comme le dit F.Boespflug[2]
« Quel beau sujet ! Deux femmes enceintes allant l’une vers l’autre, s’accueillant, s’embrassant, se chérissant, s’émerveillant et se comprenant au-delà de la différence d’âge. Et les enfants qu’elles portent, du fait de leur exceptionnelle préscience, frémissant de manière perceptible par leurs mères, et se saluant de ventre à ventre, si l’on en croit bon nombre de peintres qui n’ont pas craint de rendre avec une délicate candeur cet instant d’intimité. Sujet allègre, sujet rafraîchissant. Sujet unique aussi, non seulement dans l’art chrétien, mais dans l’art religieux en tant que tel, toutes religions confondues : il n’a peut-être pas d’équivalent ailleurs ».
Les représentations de la Visitation sont anciennes. On les trouve dès le haut Moyen Age, et elles sont alors associées à l’Annonciation, puisqu’elles affirment toutes deux la maternité divine de Marie. S’il existait déjà en Orient, le thème iconographique de la Visitation a pris de l’essor en Occident à partir du moment où la fête de la Visitation a été créée, en 1389[3].
Les différentes représentations privilégient, selon les époques et les artistes, la scène de l’accueil, avec des variantes : embrassement, agenouillement d’Élisabeth devant la Vierge Marie Mère de Dieu, portant l‘Enfant Jésus, geste de la main posée sur le ventre, comme par exemple dans la fameuse Visitation de Rogier van der Weyden, etc.
Selon les représentations, on voit également les signes visibles de la grossesse, avec le gonflement suggestif des vêtements, mais aussi –et c’est l’une des caractéristiques les plus originales de cette représentation- les enfants visibles in utero, comme par transparence, et des enfants visibles ex utero, à hauteur du ventre de leurs mères, mais détachés, comme on le voit dans l’œuvre d’A.Altdorfer ci-dessus. Certaines scènes présentent même l’enfant saint Jean-Baptiste prosterné devant l’Enfant Jésus, in utero, montrant ainsi que saint Jean-Baptiste fut justifié, purifié du péché originel dès le sein de sa mère par cette rencontre. La Vierge Marie est donc présentée comme Mère de Dieu, et comme Reine des Apôtres, dans son zèle missionnaire.
Les représentations de la Visitation inspirent encore de nombreux artistes du XXIès : on peut citer Arcabas, Bradi Barth, le père M.I. Rupnik S.J., F.-X. de Boissoudy, etc.
Source
Anne-Marie Velu. La Visitation dans l’art : Orient et Occident, Vè-XVIès. Paris : éditions du Cerf, 2012.
-sur la Visitation, dans l’Encyclopédie mariale
-sur la fête de la Visitation, dans l’Encyclopédie mariale
-quelques exemples de représentations de la Visitation, dans l’Encyclopédie mariale :
-dans l’art roman
- La Visitation de Ghirlandaio dans l’Encyclopédie mariale , où Élisabeth est agenouillée devant la Vierge Marie
- La Visitation d’El Greco, dans l’Encyclopédie mariale
- La Visitation d'Arcabas, dans l'Encyclopédie mariale
-sur les représentations de la Visitation, en ligne
-sur Marie Reine des Apôtres, dans l’Encyclopédie mariale