En 1979, la communauté de travail des commissions romandes de liturgie a publié un ouvrage destiné à la célébration du culte protestant dans les régions de Suisse française. Nous citons : Liturgie des temps de fête à l’usage des Eglises réformées de la Suisse romande. Communauté de travail des commissions romandes de liturgie 1979.
Les pasteurs gardent une certaine liberté face aux formulaires liturgiques. Cependant, en lisant les textes choisis, nous pouvons connaître la manière habituelle dont la liturgie réformée est célébrée dans les cantons romands helvétiques.
Dans les prières qui structurent la célébration de la saint Cène, nous ne trouvons aucune mention de la Vierge Marie et, dans la liturgie de la Parole, sa place est fort discrète.
C’est le quatrième dimanche de l’Avent qui évoque d’une manière toute particulière le mystère de Marie dans l’histoire du salut. Trois oraisons sont proposées à l’officiant (p. 27).
Voici l’oraison A :
«Seigneur Dieu, nous te bénissons d’avoir choisi Marie, ton humble servante, afin que ton Fils éternel naisse parmi nous et devienne notre frère. En lui nous adorons ton amour et le miracle de notre rédemption. Fais-nous cette grâce qu’à l’exemple de Marie, nous le recevions nous aussi avec humilité, dans l’obéissance de la foi, et que le Saint-Esprit fasse de nos cœurs sa demeure, à la gloire de ton nom ».
Comme on le voit, cette prière possède une structure trinitaire.
L’accent est mis à la fois sur la divinité et l’humanité de Jésus ( «fils éternel» et «notre frère» ).
L’Incarnation manifeste et l’amour divin et notre rédemption.
Marie nous est présentée en même temps comme une humble servante et une croyante en qui le Saint-Esprit a fait sa demeure.
Son élection par Dieu en Vue de l’Incarnation est soulignée.
Et son attitude nous est donnée en exemple.
Voici l’oraison B :
«Dieu saint, dont la grâce a saisi la vierge Marie, afin qu’elle reçoive avec foi l’annonce de sa maternité bienheureuse et qu’elle devienne ainsi la mère de ton Fils éternel, accorde-nous le même esprit de foi pour accepter toujours ta volonté : qu’ainsi ce ne soit plus nous qui vivions, mais le Christ qui vive en nous, lui, ton Fils bien-aimé, notre Sauveur».
Cette oraison évoque le mystère de l’Annonciation.
L’initiative de l’intervention divine est fortement soulignée (Marie est «saisie» par la grâce).
La maternité divine est proclamée (Marie est la mère du Fils éternel).
Cette maternité acceptée dans la foi est appelée « bienheureuse».
La Mère de Jésus est considérée comme vierge (avec minuscule).
Une communion dans la foi entre Marie et les chrétiens est évoquée discrètement («accorde-nous le même esprit de foi»)
Voici l’oraison C :
«Dieu éternel et tout puissant, tu as envoyé l’ange en messager de ta volonté, et ta Parole s’est faite chair dans le sein de la vierge Marie. Accorde-nous de recevoir avec joie, nous aussi, ton Fils bien-aimé : qu’ainsi, dès maintenant, nous ayons part à la vie de celui qui est venu assumer et vaincre notre mort, Jésus-Christ, notre Sauveur ».
Dans cette prière, c’est de nouveau le mystère de l’Annonciation qui est évoqué.
Le prologue de saint Jean caractérise la maternité de Marie («Ta Parole s’est faite chair» .
On demande au Seigneur de communier à la joie de la vierge (aussi avec minuscule).
A d'autres occasions...
Dans d’autres pages de cette liturgie, nous contemplons Marie située parmi les témoins de l’Ancien Testament :
« Pour la vocation d’Abraham et du peuple d’Israël, pour les prêtres, les prophètes, les rois qui ont préfiguré le messie, pour tous ceux qui ont discerné les signes de sa venue, pour la vierge Marie qui l’a accueilli en secret à l’annonce de l’ange, pour Jean-Baptiste qui l’a reconnu et désigné au peuple assemblé, pou nous bénissons ton saint nom» (p. 25)
La mission de la Vierge a été annoncée dans l’ Ancien Testament :
«Dieu éternel, par la voix des prophètes, tu as annoncé la venue en chair de ton Fils unique et sa naissance de la vierge Marie» (p. 34)
Dans d’autres passages, on évoque l’humilité de la mère du Christ :
« Tu as jeté les yeux sur Marie, ton humble servante et tu l’as choisie pour qu’elle soit la mère de notre Sauveur» (p.29).
Et encore :
« Tu as choisi Marie, ton humble servante pour qu’elle mette au monde le Sauveur annoncé» (p. 32).
La profondeur de la foi de la Vierge est aussi proclamée :
«Donne-nous de croire comme Marie a cru et d’être rempli de joie et de paix» (p. 29).
Et sa joie :
«Comme Marie accueillit en elle Celui qui venait souffrir la passion, donne-nous de recevoir avec joie Celui qui a maintenant vaincu la mort» (p. 28).
Cette liturgie souligne aussi l’amour de la Mère de Jésus (et reprend la deuxième préface catholique du temps de l’Avent) :
(Le Christ) «est celui que la Vierge attendait avec amour» (p. 39).
Mais le mystère le plus souvent évoqué est celui de la maternité de la Vierge:
Voici l’oraison de la fête de Noël :
«Dieu éternel et tout puissant, qui nous permets de célébrer le grand mystère de l’incarnation de ton Fils, né de la vierge Marie, reçois l’hommage de notre adoration» (p. 72).
Marie est associée à l’abaissement du Fils éternel par l’incarnation :
«Seigneur Dieu, fais-nous don d’une foi ferme et inébranlable pour que nous confessions fidèlement ton Fils unique, issu de toi dans la gloire éternelle et né de la Vierge Marie dans notre nature mortelle» (p. 89).
Le rappel de l’action de l’Esprit Saint est formulé dans ces deux invocations :
« O Christ, qui as pris chair de la vierge Marie par l’Esprit saint et qui t’es fait homme, nous t’aimons et nous te bénissons».
Et dans l’office du soir de la Pentecôte, nous lisons :
«Saint-Esprit, Puissance du Très-Haut, Tu as couvert de ton ombre la vierge Marie pour qu’elle devienne la mère du Fils de Dieu» (p. 378).
Souvent, dans l’office du soir,
Souvent, dans l’office du soir, le chant du Magnificat est proposé, ce qui donne une atmosphère mariale à la liturgie.
___________
G. BAVAUD, Marie dans la liturgie protestante de Suisse française, in PAMI, De culto mariano secolo XX, acta congressus mariogogici e mariani, Roma 1996, III, p. 109-123. , p. 109-111