« Il serait bien insensé celui qui étant privé des suavités et délices spirituelles s'imaginerait que pour ce motif Dieu va lui manquer, ou que, les ayant, il jouit de Dieu et s'imagine le posséder ; mais il le serait davantage encore s'il allait chercher ces suavités en Dieu et s'il s'y complaisait.
Et en effet, il n'irait plus à la recherche de Dieu avec une volonté qui a pour fondement le dénuement de la foi, mais avec une volonté qui s'attache au goût spirituel, c'est-à-dire à quelque chose de créé, et par conséquent il suivrait ses inclinations ; il n'aimerait pas Dieu purement et au-dessus de tout, c'est-à-dire en mettant en lui toute la force de sa volonté. [...]
En dehors de Dieu tout est étroit ; la volonté doit donc tenir sa bouche toujours ouverte à Dieu, avoir sa tendance sevrée de tout mets, afin que Dieu puisse la combler elle-même de son amour et de ses délices ; elle se tiendra dans la faim et la soif de Dieu seul, sans chercher de satisfaction personnelle ; car ici bas, elle ne saurait goûter Dieu tel qu'il est. »
Saint Jean de la Croix, Montée du Carmel, fragment 11,
dans Les œuvres spirituelles de S. Jean de la Croix, Paris, Seuil, 1947 p. 471-472.
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Jean de la Croix.
N..B. Cette attitude spirituelle se retrouve chez saint Louis Marie de Montfort,
dans sa manière d'envisager d'agir pour Marie (Secret de Marie 51-52),
et dans le fait qu'en Marie il ne trouve que Dieu seul (Secret de Marie § 20. 70)