Pablo Largo DOMINGUEZ, (directeur de la revue « Ephemerides Mariologicae ») a enseigné sur le thème : La doctrine ecclésiale de l'Immaculée à l'époque de la théologie critique et de la pluralité théologique.
1) Entre les années 1958 et 1968
Les théologiens de cette période ont souligné que la préservation du péché en Marie était un don pascal, un charisme de la Pentecôte anticipée. Ils ont réfléchi sur la douleur et la mort qui sont les conséquences du péché mais qui ont été vécues par Marie dans la perspective de la rédemption. Ils ont contemplé la splendeur de la sainteté de Marie (Mulleny).
Le lien entre l'Immaculée et la lutte contre Satan (Gn 3,15) a nourri une réflexion sur le lien entre le dogme de l'Immaculée et la doctrine dite de la « co-rédemption ». Par son consentement à l'Annonciation et à la Passion, Marie participe à la Rédemption. (Ch. DeKoninck)
L'amitié entre Marie et le Christ la situe comme nouvelle Eve au côté du nouvel Adam, mais pour être la nouvelle Eve, il fallait que Marie soit immaculée, comme Eve avant le péché originel.
C'est aussi l'époque d'un débat sur la dette de Marie : la doctrine de l'Immaculée ne doit pas faire oublier que Marie fait partie de l'humanité rachetée par le Christ, et qu'elle-même remercie Dieu (cf. le Magnificat).
2) Entre les années 1969-1987
Les théologiens de cette période ont développé une réflexion sur le péché originel suivant trois axes :
- Le péché du monde rend impossible l'amour théologal. Par sa grâce de Dieu, l'Immaculée atteint la perfection.
- Marie est victorieuse sur le péché
- Alonso propose la notion de péché originé : c'est un état et non pas un acte, il est personnel, il consiste dans une absence de grâce qui est un état de droit, et non pas seulement de fait.
D'autres auteurs ont cherché à allier la conservation du dogme avec une actualisation de son expression (J.Auer, De Fiores). J.Auer explique le péché originel comme étant ce qui porte l'homme à oublier Dieu. Marie est celle qui n'oublie jamais Dieu et qui lui rend grâce.
Il existe un courant qui en s'appuyant sur le fait que Marie ait pu être dite exempte du péché originel veut éliminer toute la doctrine du péché originel. (D.Fernandez et A. de Villamonte)
La doctrine de l'Immaculée conception a développé des résonances trinitaires :
Marie est telle car Dieu le Père l'a voulu.
Parce qu'elle est l'Immaculée elle peut accomplir sa mission maternelle envers le Fils et être pour lui une aide et une épouse souffrant avec lui, elle peut aussi être un refuge de miséricorde et compatir aux hommes (cf. U :V : Balthasar).
Marie est l'Immaculée par l'action de l'Esprit Saint en qui elle donne son consentement libre et conscient (cf. Muller).
Ce qu'est Marie, l'Eglise est appelée à le devenir. Marie montre que l'accomplissement de l'homme se situe dans son « Oui » à Dieu.
3) Entre 1988 et 2003
J. Bolewski et X.Pikaza poursuivent les recherches précédentes dans une optique personnaliste (Marie par la grâce du Christ atteint le sommet de la réalisation personnelle).
M.Rubio et de Br.Forte ouvrent une perspective symbolique (Marie comme icône).
Les travaux œcuméniques opèrent de grandes avancées vers la compréhension mutuelle et le respect des Eglises sœurs.
F. Breynaert.
conception-rome-2003>Extrait de : Françoise BREYNAERT Cronaca del XIV simposio internazionale di mariologia, Pontificia facoltà teologica Marianum, Roma 7-10 ottobre 2003, In Miles Immaculatae, Anno XXXIX fasc II, 2003, pp. 560-577, p. 563-564. Lire toute cette chronique en français (cliquez).