Il est significatif que quelques Pères de l'Église aient interprété la parole de Marie : "Comment cela arrivera-t-il ? Je ne connais pas d'homme ?" (Lc 1, 34), dans le sens d'une intention de virginité permanente.
L'auteur du Protévangile de Jacques, au 2e siècle était orienté déjà dans ce sens, mais s'agissait d'un vœu fait pour elle par sa mère Anne.
Le premier Père de l'Eglise à parler d'une intention personnelle semble être Hilaire de Poitiers. Il mentionne la stupeur de Marie et note : "Illa virginitatis suae conscia commovetur". Quel est le sens exact de cette phrase? Dans son contexte elle suppose qu'Hilaire ait l'idée que Marie a formulé l'intention de rester vierge[1].
En Orient, Grégoire de Nysse a pensé de manière claire que les mots de Marie signifient une intention de virginité.
En Occident, Augustin lit aussi les paroles de Marie Lc 1,34 comme une intention de virginité:
« "Comment cela se fera-t-il ? Car je ne connais pas d'homme". Reconnaissez ici sa résolution de garder la virginité.
Si elle avait du lier des rapports avec un homme, comment aurait-elle dit : "Comment cela se fera-t il ?" [...]
Mais elle avait le souvenir de sa résolution, la conscience de son vœu sacré, car elle savait ce qu'elle avait promis à Dieu, lorsqu'elle disait : "Comment cela se fera-t-il ? car je ne connais point d'homme".
Sachant donc que les enfants ne naissent que par suite des relations entre les époux, comme elle avait résolu de n'avoir pas de ces relations, lorsqu'elle dit : "Comment cela se fera-t-il ?" elle n'exprimait pas un doute sur la toute-puissance de Dieu, elle demandait comment elle deviendrait Mère. "Comment cela se fera-t-il ?" Quel moyen est-il à employer pour y parvenir ? Vous m'annoncez un Fils, vous connaissez les dispositions de mon âme, dites-moi la manière dont ce Fils me viendra.[...] »[2]
Il ne faut pas souligner ici la différence entre vœu et intention, si on considère que l'intention précède intérieurement le vœu et si on tient compte de l'usage alterné qu'Augustin fait des deux termes.
[1] Cf I. CALABUIG, Appunti sulla verginità di Maria negli autori latini del IV secolo, Marianum.
[2] Saint Augustin, Sermon 291, 5 in Œuvres complètes de saint Augustin, tome 7, edition L Guérin, Bar le Duc, France, 1868, p.443
A.Gila