Depuis les récits dits apocryphes jusqu’à la proclamation du dogme de l’Assomption par la constitution apostolique ‘Munificentissimus Deus’ de Pie XII en 1950, une longue tradition s’est élaborée à propos de l’Assomption de la Vierge Marie.
La Tradition de l'Église Judéo-chrétienne, avec ses apocryphes, a évoqué très rapidement la fin de la destinée terrestre de Marie. Le texte le plus ancien, partiellement conservé en grec et plus complètement en éthiopien, est attribué à un certain Leucio, disciple de saint Jean. Mais cette tradition est passée sous silence dans les quatre premiers siècles de l'histoire de l'Église. C'est seulement au V° et VI° siècle, que ces récits apocryphes connaissent une diffusion extraordinaire.
Saint Ephrem († 373), théologien, poète et Docteur de l’Église, exprime déjà l'idée que le corps de Marie n'a pas connu la corruption après la mort.
Épiphane, évêque de Salamine, dans une lettre adressée aux chrétiens de l'Arabie en 377, pose la question théologique de la mort de Marie.
« En effet l'Écriture se situe au-dessus de l'esprit humain et elle a laissé dans l'incertitude l'événement par respect envers cette vierge incomparable, pour couper court à toute pensée vulgaire et charnelle dans son égard. Nous ignorons si elle est morte ou si elle a été enterrée. [1]»
Pour lui, on ne sait pas comment Marie est morte, ni où c'est son corps.
Épiphane était palestinien, il n'est pas possible qu'il ignorât toute la littérature apocryphe mais pour lui, elle n'a pas de valeur.
D'autres pères de l'Eglise retiennent quelques éléments des récits apocryphes.
Le patriarche d'Alexandrie Théodose († 566) nous renseigne sur une double célébration : une fête pour commémorer la mort de la Vierge était célébrée le 16 janvier, et le 9 Août était célébré la fête de sa résurrection[2]. Théodose met un intervalle de 206 jours donc entre les deux événements, en éludant le problème de la corruption. La résurrection corporelle est la conséquence de sa maternité divine. Au ciel, la Vierge intercède.
La fête liturgique qui commémore le départ de la Vierge de ce monde a été fixée, pour l'église de Constantinople, le 15 Août, par un décret de l'empereur Maurice en l'an 600, avec la dénomination de Koimesis (Dormizione).
Vers l'an 600, l'empereur Maurice décréta que serait célébrée le 15 août « la Dormition de Marie » dans tout l'empire, avec la plus haute révérence en observant tout le repos festif.
Qui dit liturgie, dit aussi homélie.
L'homélie de Théotecno sur l'Assomption de Marie au ciel constitue une des premières, sinon la première homélie composée pour ce mystère, vers l'an 600. Il exhorte à la joie et au chant pour célébrer "cette fête des fêtes, l'Assomption de la toujours vierge"[3]. Parce qu'il était opportun que le corps qui a porté Dieu fût le réceptacle divinisé, incorruptible, éclairé par la lumière divine, et élevé dans la gloire avec l'âme agréable à Dieu"[4].
À Constantinople, en imitant les liturgies de Jérusalem, deux sanctuaires, aujourd'hui détruits, commémorent la mort et l'Assomption de Marie : Chalkoprateia et surtout Blacherne avec la source miraculeuse, les icônes, entre autres la Blachernitissa appelé aujourd'hui la Vierge du Signe et les traditions des reliques (qui remontent au VII° et VIII° siècle).
En Occident, le pape Grégoire le Grand (540-604), dans son sacramentaire, présente un formulaire liturgique de la « fête où la Mère de Dieu a subi la mort temporelle, sans cependant connaître l'humiliation de l'esclavage de la mort », parce que Dieu l'a exaltée au-dessus des anges.
Dans le Missel gothique-gallican, du VI-VII° siècle, le jour de l'Assomption est un « sacrement [= un mystère] qui n'est pas explicable », et il est « à honorer plus que les autres jours », parce que « la Vierge Mère de Dieu a émigré du monde au Christ. Elle n'a pas été contaminée par la corruption et elle n'a pas subi l'esclavage du sépulcre. »
Le patriarche Saint Modeste de Jérusalem († 634), que l’on nomme Docteur de l'Assomption, a composé une fameuse homélie qui fut une étape très importante pour l’établissement du dogme de l’Assomption : Pie XII dans la bulle Munificentissimus Deus en cite un passage; Vatican II, d’autre part, s’y réfère dans Lumen Gentium.
L'âge d'or de la réflexion se situe au 8° siècle, avec notamment saint Germain de Constantinople († 733). Le ton très serein de toutes ces homélies, montre que la réflexion doctrinale s'est déroulée sans heurts, dans la joie de la fête liturgique.
Pendant des siècles, l'Église vit cette foi à travers la liturgie.
L'Église catholique romaine, dans un acte de louange envers Dieu, promulgue le dogme de l'Assomption le 1° novembre 1950, jour de Toussaint, signe que l'Assomption de Marie est une espérance pour la destinée de tous.
-sur L'homélie sur l'Assomption de Marie de st Modeste de Jérusalem, dans l’Encyclopédie mariale
-sur le dogme de l’Assomption défini par l’Église, dans l’Encyclopédie mariale
-sur le dogme de l'Assomption (J. Ratzinger), dans l’Encyclopédie mariale
-sur l'Assomption dans la tradition de l'Église, dans l’Encyclopédie mariale
-sur l’Assomption dans les liturgies, dans l’Encyclopédie mariale
A. Gila, L. Gambero, F. Breynaert (Fac. théol. pontificale "Marianum")