Le patriarche st Germain de Constantinople († 733) est considéré comme celui qui a instauré la fête de l’hymne ancien appelé Akatistos, consacré à la mère de Dieu. Il a également composé de très belles homélies pour la liturgie de la Dormition de la Vierge Marie, dont certaines ont été insérées par le pape Pie XII dans sa Constitution apostolique Munificentissimus Deus (1950) proclamant le dogme de l’Assomption de Marie. En ce qui concerne la mort de Marie, saint Germain de Constantinople croit qu'il fut normal pour elle d'affronter cette expérience humaine avant sa glorieuse Assomption, comme le Christ avant sa résurrection.
Dans son homélie sur la Dormition, st Germain de Constantinople s’adresse ainsi à la Vierge Marie :
« Même si tu as affronté la mort, inévitable à la nature humaine, cependant ton œil qui nous garde, ne vacille pas et ne s'endormira pas. »[1]
Il affirme en outre que Marie est morte comme son fils, qui est le Dieu de tous.[2]
« Pierre et Jean sont venus en courant, et ils ont trouvé les bandelettes et le suaire, ils apprirent que le Christ est ressuscité.
En toi, O Gethsémani, nous tous, disciples du Sauveur et la foule rassemblée pour l'enterrement de la toujours Vierge Marie, nous l'avons vue pendant qu'elle était mise dans le sépulcre et transférée ensuite ailleurs. Sans qu'aucune contestation ne soit possible, elle est devenue invisible avant que le sépulcre ne soit fermé avec une pierre... Voici, tandis qu'elle était exaltée avec des hymnes et déposée dans la tombe, elle laissa vide le tombeau ; non seulement elle a rempli le paradis de sa gloire, mais elle possède aussi le repos de la vie céleste et demeure dans la complaisance de Dieu. »[3]
Germain n'ignore pas une quatrième raison qui explique la mort de la Mère du Seigneur. Celle-ci devrait apparaître comme une confirmation de la réalité de l'incarnation:
« Comment la dissolution aurait pu dissoudre ton corps en cendre et poussière toi qui, par l'incarnation de ton Fils as libéré l'homme de la ruine de la mort ? Tu te séparas donc des choses terrestres afin que se montrât réellement renforcé le mystère de la terrible Incarnation ; afin que, en ayant subi l'éloignement des choses sujettes au temps, on crût que le Dieu né par toi était aussi un homme complet, fils d'une vraie mère soumise aux nécessités physiques par ordre de la volonté divine et par la norme qui règle le temps de la vie. » [4]
L'événement de la mort et de l'Assomption de Marie au ciel eut des témoins influents dans la personne des Apôtres :
« Ton départ ne fut pas privé de témoins, et ta dormition ne fut pas fausse.
Le ciel raconte la gloire de ceux qui coururent alors à ta rencontre ; la terre présente la vérité qui les concerne ; les nuages crient l'honneur qu'ils te prêtèrent ; et les anges rapportent l'offrande des dons qui te fut faite : c'est-à-dire comment les apôtres furent à tes côtés en passant au-dessus de Jérusalem. »[5]
Saint Germain insiste en outre sur le fait que Marie là-haut n'a pas interrompu sa présence spirituelle au milieu de nous:
« Même si tu es partie, tu ne te séparas pas du peuple chrétien. Tu es la vie d'une telle incorruptibilité, tu ne t'éloignas pas de ce monde corruptible; au contraire tu es proche de ceux qui t'invoquent. Ceux qui te cherchent fidèlement te trouveront. »[6]
La présence spirituelle de Marie dans notre monde a des caractéristiques analogues avec celle de son Fils. Germain fait prononcer par Jésus ces mots:
« Comme moi aussi, bien que n'étant pas du monde, j'adresse un regard et je pourvois à ceux qui sont dans le monde, ainsi ta protection ne s'éloignera pas des êtres du monde, jusqu'à son achèvement. »[7]
-sur st Germain de Constantinople, dans l’Encyclopédie mariale
-sur l'Assomption dans la tradition de l'Église, dans l’Encyclopédie mariale
Luigi Gambero et l’équipe de MDN.