La ceinture ou le maphorion de la Vierge


 

Les traditions relatives à la ceinture ou au maphorion de la Vierge remontent au VII° et VIII° siècle, l'âge d'or de la réflexion sur l'Assomption de Marie. Elles sont issues de récits apocryphes, qui ont ainsi établi un parallèle avec l’épisode de l’incrédulité de saint Thomas l’Apôtre dans l’évangile de st Jean (Jn 20,24-31).

 

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La trame du récit

Il est rapporté dans les récits apocryphes que la Vierge Marie, lors de son Assomption au ciel, apparut à saint Thomas. Elle le salua et, à la demande de l'apôtre, laissa choir sa ceinture (ou son « maphorion », manteau) comme preuve de son Assomption.

Les premières sources

Les premiers récits de cet épisode datent du VII° et VIII° siècle, et sont obscurs. Le fait est signalé pour la première fois dans un tropaire de Maxime le Confesseur (580-662)[1]. Il est mentionné dans le Transitus Mariae du Pseudo-Joseph d'Arimathie[2] . Il l'est également au chapitre 4 du Livre arabe du passage de la Bienheureuse Vierge Marie, ou Dormitio arabe dite des « Six Livres ». Un discours anonyme[3] évoque l'invention et la déposition de la ceinture de la Vierge.

Les sanctuaires et la liturgie de Constantinople

Germain, patriarche de Constantinople (715 à 729), évoque les « langes de Jésus » et la ceinture de la Vierge dans son discours sur les reliques de l'église des Chalcopratia[4].

Euthyme de Constantinople, patriarche de 907 à 912, évoque la fête de la Ceinture de Marie, déposée, indique-t-il, dans la châsse sous le règne d'Arcadius, empereur de 395 à 408, selon une inscription trouvée dans la châsse.

Autour de l'an mil, plusieurs textes font mention de la « Ceinture » de Marie : le Synaxaire de Constantinople (Xe siècle), et le Ménologe de Basile II le Bulgaroctone, empereur de 963-1025 (PG, t. CXVII, col. 613), selon lequel la relique aurait été trouvée chez une femme pieuse de Jérusalem puis conservée dans l'église des Chalcopratia à Constantinople où l'on célébrait la fête de la « Déposition de la relique de la Ceinture de Marie ».

L'Occident et la tradition de la Sainte-Ceinture

Depuis le XIII° siècle est conservée dans la cathédrale de Prato (Italie, Toscane) une « Ceinture de la Vierge ». Jacques de Voragine (archevêque de Gênes, † 1298) a repris les récits orientaux dans sa Légende dorée. Voici ce qu’il écrit à propos de cet épisode :

« Et comme Thomas, qui n’avait pas assisté au miracle de l’Assomption, refusait d’y croire, voici que la ceinture qui entourait le corps de la Vierge tomba du ciel dans ses mains, intacte et encore nouée, de manière à lui faire comprendre que le corps de la Vierge avait été emporté tout entier au ciel.

Mais tout ce qu’on vient de lire est absolument apocryphe »[5]

Cette représentation, issue des récits apocryphes, eut un heureux succès dans l’art gothique et renaissant, notamment en Italie. On en trouve une représentation dès le XIIès en France, sur le tympan de l’église de Cabestany, dans les Pyrénées- Orientales.

Sources :

G. Bianchini, Notizie istoriche della SS. Cintura di Maria Vergine, Prato, 1766, 30-34 ; T. Casini, La Sacra Cintura, Prato, 1954 ;

F. Piccardi, Il S. Cingolo Mariano in Prato fino alla Traslazione del 1395, Prato, 1895 et rééd., 1937.

L. Réau, Iconographie de l'art chrétien, t. II/2, Paris, 1957, 61-63.

Patrick Sbalchiero, article « Thomas (apôtre) », In : René Laurentin et Patrick Sbalchiero, Dictionnaire encyclopédique des apparitions de la Vierge. Inventaire des origines à nos jours. Méthodologie, prosopopée, approche interdisciplinaire, Fayard, Paris 2007.


 

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Pour en savoir plus

 

-sur le récit de l’Assomption de Marie dans la Légende dorée de Jacques de Voragine, en ligne 

-sur la liturgie byzantine liée à la translation de la Sainte-Ceinture (31 août, Chalcopratia), dans l’Encyclopédie mariale

 

 

Françoise Breynaert et l’équipe de MDN.