L'humilité de Marie dans la tradition juive

Humilité de Marie, humilité du Sinaï

Connaître le judaïsme fait mieux connaître Marie...

Le Seigneur met sa complaisance dans l’humilité du Sinaï et dans l’humilité de Marie .

Dieu choisit le mont Sinaï pour donner sa Torah parce qu’il est le plus humble.

Face à une affirmation de ce genre, le chrétien pense à ce verset du Magnificat :

« Il a jeté les yeux sur son humble servante. » (Lc 1,48)

Nous lisons aussi dans le livre des Proverbes :

« L'orgueil de l'homme l'humiliera, qui est humble d'esprit obtiendra de l'honneur. » (Pr 29,23)

Et un psaume dit :

« Montagne de Dieu, la montagne de Bashân ! Montagne sourcilleuse, la montagne de Bashân ! Pourquoi jalouser, montagnes sourcilleuses, la montagne que Dieu a désirée pour séjour ? Oui, YHWH y demeurera jusqu'à la fin. » (Ps 68,16-17)

Le Targum commente ainsi :

« Il ne m’a pas plu de donner ma Loi sur les montagnes orgueilleuses et altières. Voici, le mont Sinaï est humble ; la parole du Seigneur a fait reposer sur lui la Shekinah… » (Targum du psaume 68)

Et le Midrash :

« Le Thabor et le Carmel s’avancèrent des extrémités du monde et se vantèrent en disant : "Nous sommes élevés et le Saint –qu’il soit béni ! – donnera sa Loi sur nos cimes." Le Sinaï, en revanche, s’humilia en confessant : "Je suis peu élevé." A ces paroles, le Seigneur fit poser sa gloire sur lui (Ex 19,20) : Le Seigneur descendit sur le mont Sinaï) et la Torah fut donnée sur son sommet, pour que cette montagne ait le privilège d’obtenir tout cet honneur. Au Sinaï, par conséquent, il convient d’appliquer le dicton : l’humble d’esprit obtiendra la gloire (Pr 29,23b). » (1)

Nous devrions nous demander si ces méditations juives sur l'humilité du Sinaï sont antérieures ou postérieures aux Évangiles. Il semble qu’elles sont antérieures, car certains motifs du Targum sur le Psaume 68 étaient connus de l’auteur de la lettre aux Ephésiens (4,8). (2)

Le Seigneur, Dieu de l’unique alliance, met sa complaisance dans l’humilité du Sinaï et dans l’humilité de Marie.


(1) Midrash Rabbah, New compact Edition in five volumes, vol. III, Numbers-Deuteronomy, London-Jerusalem-New York 1977, pp.506-506)
(2) R. Penna, La lettera agli Efesini, EDB, Bologna 1988, p.187-188


A. Serra

A. Serra, Myriam, fille de Sion, Médiaspaul 1999

A. Serra, E c’era la Madre di Gesù, Marianum, Roma, 1989