Fra Angelico, moine dominicain vénérant particulièrement la Vierge Marie, a peint plusieurs fois le thème de l’Annonciation. L’Annonciation du couvent San Marco de Florence, très dépouillée, a été réalisée vers 1442.
Fra Angelico. L’Annonciation avec l’Archange Gabriel et Marie au centre et, à gauche, Adam et Ève chassés du Paradis . Tempera sur panneau de bois. 1426. (Musée du prado).
Fra Angelico a peint plusieurs fois l’Annonciation : trois fois sur tableau (L'Annonciation dite de San Giovanni Valdarno, peinte en 1430-1432, scène d’un polyptique consacré à la Vierge Marie, l’Annonciation de 1426, conservée au musée du Prado à Madrid, et l’Annonciation dite de Cortone) et deux autres à fresque, au couvent San Marco de Florence (celle en haut de l'escalier de l'accès et celle de la troisième cellule).
Fra Angelico a été le premier peintre à introduire dans le jardin clos (Hortus conclusus) de l’Annonciation le thème d’Adam et Ève chassés du Paradis, comme on le voit ci-dessus. Cette représentation établit un lien entre Ève et la Marie, Nouvelle Ève.
Cette fresque de l'Annonciation est une invitation à la foi.
Le décor est simple, dépouillé : une chambre-cellule, un tabouret, un jardin clos.
L'éclairage vient de la gauche, mais l'ange ne projette pas d'ombre : le peintre suggère ainsi que sa nature est immatérielle.
Les ailes de l'ange, aux couleurs du paradis, nous invitent à envisager un Royaume de Dieu orné de splendides couleurs
Les mains de l'ange et celles de la Vierge Marie expriment le recueillement, une dignité pure et humble, l'accueil d'un mystère.
La Vierge Marie exprime sa foi par son immobilité et son silence. En son sein, le mystère du Verbe s'incarne. Au-dessus de sa tête, le Saint Esprit est translucide, à peine visible.
Sur la gauche, un près fleuri. Nous sommes au printemps (25 mars).
Dans le Cantique des Cantiques, l'Époux compare l'Épouse à un jardin clos (Ct 4, 12).
La tradition de l'Église y voit le lieu même de la "germination" du Christ, de sorte que ce jardin clos (en latin : hortus conclusus) devient la figure de Marie, en attente du "fruit de ses entrailles".
L'Annonciation du couvent San Marco a été peinte à fresque, sur un mur du corridor nord, juste en face de l'escalier menant à l'étage des cellules des moines du couvent, à l'intersection des deux ailes du dortoir (celle des moines à gauche, celle des converts et des visiteurs à droite). Elle figure également sur l'envers d'un des murs de la cellule de saint Antonin, grand vicaire des dominicains réformés, prieur, et futur archevêque de Florence.
- Fra Angelico a peint un cadre en reprenant la couleur et la configuration de l'architecture réelle du corridor. A travers cette « fenêtre », c'est un espace sacré qui s'ouvre à la contemplation (c'est exactement comme la fenêtre à partir de laquelle Alberti veut qu'on puisse contempler « l'historia »).
- Une inscription invite le fidèle à prier « Quand tu seras venu devant la figure de la Vierge intacte, veille, en passant, à ce que l'Ave ne reste pas silencieux ».
- Les chapiteaux sont de deux sortes. Les chapiteaux corinthiens font allusion à la virginité de Marie. Les chapiteaux ioniques correspondent à ceux du couvent. L'architecture virginale se trouve ainsi étroitement associée au couvent, en accord avec le fait que la Vierge Marie est considérée comme la mère abbesse supérieure de la communauté.
- Le regard, sur la fresque, se dirige vers la chambre-cellule de la Vierge Marie. La droite de la fresque suggère une continuité et s'accorde avec le parcours qui s'engage pour le visiteur. De même, la gauche de la fresque, qui représente une perspective ouverte, correspond à un couloir du couvent.
Quand il se rend dans sa cellule, le fidèle est ainsi placé sous le pouvoir de l'image pour entrer en mouvement vers la méditation intérieure.
Source :
Daniel ARASSE, L'Annonciation italienne, Edition Hazan, Paris 1999, p. 132-133.
-sur l’Annonciation, dans l’Encyclopédie mariale
www.mariedenazareth.com/index.php
-sur l’Annonciation dans l’art, dans l’Encyclopédie mariale
-sur Marie dans le dessein de Dieu, dans l’Encyclopédie mariale
F. Breynaert et l’équipe de MDN.