Le mardi 29 novembre 1932, les quatre enfants s'en vont au pensionnat des Sœurs de la Doctrine Chrétienne pour y reprendre Gilberte Voisin après l'étude, vers 18h 30. Devançant de quelques pas ses compagnes, Albert sonne à la porte du couvent, puis s'étant retourné, il s'écrie soudain : "Regardez la Vierge qui se promène au-dessus du pont !" Sans se retourner, Fernande lui répond que ce sont les lueurs de phares d'auto. Mais Albert insiste, et les filles se retournant voient elles aussi. Ils en font part à la Sœur portière qui vient d'ouvrir, mais celle-ci se moque. Les enfants insistent et Gilberte Voisin qui à ce moment les rejoint sur le seuil du couvent voit, elle aussi. En rejoignant la grille, les enfants revoient l'apparition et se sauvent, n'osant plus levers les yeux[1].
Le 30 novembre, l'apparition se montre sur le viaduc, le 30 novembre vers 18h 30,« la Vierge se montre à quatre endroits différents : près de la grille, quand arrivent les enfants. Ensuite, ils la voient au-dessus d'un houx, pendant qu'ils sonnent ; sur le viaduc, au moment où ils quittent le couvent ; près de la maison Sampain, lorsqu'ils s'en retournent chez eux. »[2].
"Elle s'est montrée de face, lumineuse, brillante, visible dans tous ses détails. Des rayons d'or, très fins, forment autour de sa tête un diadème étincelant. Elle a des yeux bleus qu'elle tenait levés vers le Ciel, les mains jointes, puis elle a baissé les yeux et sourit doucement. Elle disparaît chaque fois en écartant les bras"[3].
Le 2 décembre, l'apparition se montre près de la grille et finalement sur l'aubépine. Les apparitions suivantes auront ensuite toujours lieu sur l'aubépine.
L'apparition « éclaire très fort, mais d'une lumière très douce qui ne gêne pas les yeux ». Elle a une auréole « avec des rayons dorés comme ceux du soleil ». Et « on dirait qu'elle a des lampes électriques dans la tête. », elle est jeune comme « une jeune dame ». Elle a « une voix très douce »[4]. Elle a une robe blanche avec des reflets bleus. Elle n'a pas de ceinture mais un chapelet.
Il y a comme un jeu d'approche, un apprivoisement. Sur le viaduc, c'est d'abord un peu loin, à quelques dizaine de mètres. Juste derrière la grille ou sur l'aubépine, c'est tout près, et elle est trop belle pour avoir peur. Durant les dernières apparitions, Marie introduira les enfants dans le mystère de son cœur.
Les premières descriptions sont un peu hésitantes. Le premier jour, les enfants parlent une première fois de « la statue » de la grotte de Lourdes de l'école qui marcherait sur la ligne de chemin de fer. Mais dès le lendemain, les enfants ne voudront plus parler de la statue de la grotte car la Dame qu'ils voient ne lui ressemble aucunement. Les enfants ont remarqué le dessin que produit dans la robe le genou qui fléchit quand la Vierge marche.
Les enfants, qui ne sont pas de fervents chrétiens ne savent tout de suite comment se comporter. Ils ont besoin d'une certaine acclimatation. Le premier jour, ils ont peur. Le second jour, 30 novembre, en présence de leur parents, ils pleurent et crient, et on leur suggère de dire un « Je vous salue Marie ». Le 2 décembre, une véritable conversation s'engage. Dans les apparitions suivantes, avec une calme confiance, la figure des enfants reflète un grand bonheur. Andrée, particulièrement, est comme quelqu'un qui se trouve en présence d'une beauté aimée et désirée.
[1] Cf. Omer ENGLEBERT, Les apparitions de Beauraing, Paris 1933, p. 70
[2] Omer ENGLEBERT, Les apparitions de Beauraing, Paris 1933, p. 71
[3] Historique sommaire des faits de Beauraing, Commission doctrinale de Mgr Charue in Dossiers de Beauraing. Tome 5 : Enquêtes officielles 1933-1951
[4] Interrogatoire des enfants, cité par Omer ENGLEBERT, Les apparitions de Beauraing, Paris 1933, p. 76.
Françoise Breynaert
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