Prière à la Vierge, au Seigneur et à l’Esprit Saint (st Ildephonse de Tolède)


 

L’une des œuvres majeures de Saint Ildefonse de Tolède (607-667), écrivain et poète de grande éloquence, est le traité qu’il écrivit pour la défense de la Virginité perpétuelle de la Vierge Marie, intitulé Libellus de virginitate Sanctae Mariae contra tres infideles. Au douzième et dernier chapitre de cet ouvrage, il adresse plusieurs prières, à la Vierge Marie, au Seigneur et à l’Esprit Saint.

 

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(XII, 2)

« Je suis ton serviteur, parce que ton Fils est mon Seigneur.

Donc tu es ma maîtresse, parce que tu es la servante de mon Seigneur. Donc je suis le serviteur de la servante de mon Seigneur, parce que tu es ma maîtresse, tu es devenue la Mère de mon Seigneur. Je te prie et je te supplie, o Vierge, pour que j'accueille Jésus de la part de cet Esprit par lequel tu as engendré Jésus.

Puisse mon âme recevoir Jésus, grâce à cet Esprit par lequel tu as conçu Jésus dans la chair.

- Que me soit donné de connaître Jésus par cet Esprit avec lequel il te fut donné de le connaître, de le posséder et d'enfanter Jésus;

- que je puisse manifester Jésus dans les choses humbles et les choses élevées par cet Esprit, grâce auquel tu t'es dite la servante du Seigneur, en désirant qu'il t'advienne selon la parole de l'ange;

- que j'aime Jésus dans cet Esprit par lequel tu l'adores comme Seigneur et tu le contemple comme ton fils ; que je craigne Jésus avec autant de sincérité que lui, étant Dieu, il était soumis à ses parents (Lc 2,51). »

 

XII, 3 [...]

« Ô condition splendide de ma libération !

Ô assurance indissolublement glorieuse de ma noblesse, fondée sur l'éternité de la gloire !

Trompé d'une façon malheureuse, que je puisse donc aspirer à atteindre ma réparation, devenu le serviteur de la Mère de mon Seigneur !

Séparé un jour de la communion des anges par la faute du premier homme, que je puisse mériter de revenir dans cette communion comme serviteur de la servante et de la Mère de mon Créateur !

Que je puisse implorer par les mains du Très-Haut une conduite louable et, au service de cette Mère Vierge, d'être lié par la dévotion continue de mon service.

XII, 4

« Accorde-moi tout ceci, o Jésus, Dieu et Fils de l'homme,

Accorde-moi ceci, o Seigneur de l'univers et fils de ta servante,

Accorde-moi ceci, o Dieu devenu humble dans l'assomption de l'homme,

Accorde-moi o Homme uni glorieusement à Dieu,

- que je croie au sujet de l'accouchement de la Vierge tout ce qu'il faut pour compléter ma foi au sujet de l'Incarnation;

- donne-moi de parler de la virginité de ta mère pour que ma bouche exprime tes louanges;

- fais que j'aime ta mère de sorte que j'atteigne l'accomplissement de ton amour;

- fais que je serve ta mère de manière que je montre t'avoir servi toi-même;

- fais qu'elle me maintienne à son service pour que je reconnaisse que je t'ai plu ;

- fais qu'en étant ma reine elle me conserve dans la vie de ce monde, pour que tu deviennes mon Seigneur pour l'éternité. »

XII, 5.

« Je désire rapidement servir Marie, je me félicite de m'assujettir sincèrement au joug de son service, je désire ardemment me soumettre complètement à ses commandements, je tache courageusement de ne pas quitter son service, j'aspire avidement à ne me pas m'éloigner de sa dépendance,

avec autant de sincérité j'entends trouver la manière de la servir, avec autant de sincérité, en la servant, je veux mériter sa grâce, avec autant de sincérité je désire me tenir sans trêve à son service, et avec autant de sincérité je tache de n'être jamais exclu de sa joie. [...] »

XII, 7.

« Et, pour devenir serviteur de son Fils, je désire ardemment qu'elle devienne ma reine, et pour que son fils devienne mon Seigneur, je me résous à devenir son serviteur ; [...]

En effet est rapporté au Seigneur ce qui est rapporté à sa servante; abonde sur le fils ce qui est attribué à la mère; revient à l'avantage de l'enfant ce qui trouve un emploi pour la nourrice; retombe à la gloire du roi l'honneur qui est adressé au service de la reine. »

XII, 8.

« Et pendant que j'exulte avec les hymnes des anges et que je me réjouis des louanges des anges, je me félicite avec Marie, je me réjouis avec la Mère de mon Seigneur, j'exulte avec la servante de son fils, car elle est devenue la Mère de son Créateur; je me réjouis avec elle, parce que par elle le Verbe de Dieu s'est fait chair. Je l'ai cru avec elle, elle qui, avec moi, le sait d'elle-même; elle sait être Vierge et Mère, et je comprends qu'elle, en restant vierge, a donné à la lumière son fils [...]. »

XII, 9.

« J'aime ces mystères d'autant plus sincèrement que je reconnais qu'ils se sont accomplis pour moi. C'est pour moi qu'a été accompli par elle ces mystères pour que ma nature soit associée à mon Dieu et que l'unique Christ fût ainsi Verbe de Dieu et chair, Dieu et homme, et, dans le temps même, Créateur et créature, potier et pétri, forgeur et forme de la création, opérateur et réalité de l'œuvre assumée [...]

Lui, le fort, et lui le malade; Lui, mon salut, et Lui couvert de blessures pour moi;

Lui, ma santé, pourtant frappé à la mort pour moi;

Lui, la puissance de Dieu, et pour moi humble Dieu;

Lui, vivant, mais sujet à la mort et victorieux de la mort. »

Source :

-Ildefonse de Tolède, Libellus de virginitate Sanctae Mariae contra tres infideles, XII,2-9 . Cité par

-L. GAMBERO, Testi mariani del primo millennio, III, Città nuova editrice, 1990 p. 656.

 

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Pour en savoir plus

 

-sur st Ildephonse de Tolède, dans l’Encyclopédie mariale 

-sur la Virginité perpétuelle de la Vierge Marie, dans l’Encyclopédie mariale

 

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