La Bienheureuse Pauline Jaricot (1799-1862), béatifiée le 22 mai 2022 à Lyon, a imaginé un moyen très simple pour faire renaître la dévotion du Rosaire: elle a proposé à ses congénères de constituer des groupes de prières de quinze personnes, au sein desquels chacun s’engageait à méditer un des mystères du Rosaire en récitant une dizaine quotidienne, en communion avec le reste du groupe. Le Rosaire Vivant était né. Cette initiative a trouvé un écho dans le monde entier, et continue aujourd’hui, sous différentes formes, dont une application, à avoir des adeptes dans de nombreux pays.
Née en 1799 dans une famille d’industriels de la soie, la Bienheureuse Pauline Jaricot est connue pour avoir fondé l’Œuvre de la Propagation de la foi – devenue aujourd’hui les Œuvres pontificales missionnaires.
Voici ce qu’écrit Pauline Jaricot dans son journal intime :
"Le premier fruit du Rosaire-vivant fut de prouver, une fois de plus, que les œuvres de sanctification sont les effets de la miséricorde divine et non le résultat du travail de la créature.
Quant à moi, je peux dire de la dévotion du Rosaire ce que les livres saints disent de la sagesse : « Tous les biens me sont venus avec elle ! » Entre autres grâces, cette dévotion m’a fait comprendre que l’humilité du cœur, et la prière unie aux mérites de Jésus-Christ et offerte par sa Mère Immaculée, sont les seules garanties de la paix. La méditation des mystères du saint Rosaire a dégoûté mon esprit de tous les vains raisonnements de la sagesse humaine: elle m’a convaincue de cette vérité, que le salut de la France, comme celui de l’univers, est uniquement dans la connaissance, dans le souvenir des mystères de la vie et de la mort d’un Dieu fait homme, et victime par amour pour l’homme.
De plus, par la vertu du Rosaire, mon faible cœur ose unir sa voix à celle du Sauveur qui, dans les larmes de la pauvreté et la souffrance, n’a cessé, durant sa vie mortelle, de faire retentir les demandes du Pater. Par la méditation douce et continue de ces mystère, j'ai compris la gloire que rendait au Père céleste la moindre action du Verbe incarné, et par suite, la réparation surabondante qu’une seule goutte du sang de Jésus-Christ, une seule de ses larmes, un seul de ses soupirs, a dû offrir à la justice, pour effacer et réparer les péchés du monde.
Aussi ai-je espéré avec une intime, une entière certitude, que je serais exaucée, et, dans le sentiment de ma confiance absolue envers le Tout-Puissant Rédempteur, j’ai oublié ma propre indignité, pour tout demander, tout espérer, tout attendre, avec la conviction que le chrétien quel qu’il soit, a droit de se prévaloir humblement des mérites de son chef, et que rien ne peut lui être refusé, quand il parle à la suprême Justice à travers les plaies de Jésus-Christ par la voix de Marie !"
Pauline Jaricot voulait par ce moyen soutenir les missionnaires (l’œuvre de la propagation de la foi). Il faut dire que son frère était lui-même missionnaire. Oui, Pauline ne voulait pas laisser la prière du Rosaire « aux femmes âgées qui n’ont que cela à faire », elle voulait en faire une puissance missionnaire. Et d'ailleurs, à l’origine, l’association organisait en même temps de quêtes pour soutenir l’évangélisation dans les pays lointains.
Par la suite, le Rosaire vivant fut séparé de la l’œuvre missionnaire de la propagation de la foi, ce qui attrista profondément sa fondatrice.
L’association fonctionnait d'abord par groupe de quinze : chacun tire au sort un mystère du rosaire qu’il va méditer et prier pendant la semaine. On se réunit ensuite de sorte que les plus fervents stimulent les débutants. Autrement dit, les gens sont « en Église », « en réseau ». Tantôt ardents tantôt non, les gens qui se rassemblent forment un brasier.
Aujourd'hui, le Rosaire vivant se développe par équipe de 20 personnes puisqu'il y a maintenant 20 mystères au Rosaire. Il existe partout dans le monde, et touche tous les âges. Il s'organise tellement simplement !
Deux frères, Thomas et Romain Delenda, ont créé une application qui reprend le concept du Rosaire vivant créé par Pauline Jaricot. L’équipe d’Hozana vient donc de mettre en ligne l'application "Rosario". Elle est gratuite, facile d’utilisation et disponible depuis le 22 mai, jour de la béatification de Pauline Jaricot à Lyon.
Source :
-G. Naïdenoff. Pauline Jaricot. Lyon : Mediaspaul, 1986
-Yannick Essertel. L'Aventure missionnaire lyonnaise. Paris : Les éditions du Cerf, 2001.
Françoise Breynaert et l’équipe de MDN.